Dita Parlo (L'ATALANTE etc...)
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Échanges d’informations, de documents et d’expériences, c’est donc dans ce cadre que le négatif original du film de Jean Renoir entra au milieu des années 1970 dans les collections de la Cinémathèque de Toulouse. Mais où et dans quelles conditions le Gosfilmofond, fondé officiellement en 1948, avait-il retrouvé ce précieux matériel, que Jean Renoir rechercha en vain toute sa vie ?
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En 1945, lorsque l’Armée Rouge était entrée dans Berlin,elle avait saisi comme trophées de guerre un certain nombre d'œuvres d’art, et notamment des pellicules conservées par le Reichsfilmarchiv. Ces « films-trophées », comme les appelèrent les Soviétiques, furent tellement nombreux à entrer alors en Union soviétique qu’ils furent un des éléments déterminants de la création du Gosfilmofond.
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Parmi eux,et au milieu de titres américains, allemands,français – négatifs, matériels intermédiaires, positifs confondus – se trouvait le négatif original de La Grande Illusion que les Allemands eux mêmes avaient saisi à Paris en 1940 et emporté alors à Berlin. Paris-Berlin-Moscou-Toulouse : l’incroyable voyage effectué par ce négatif en une quarantaine d’années rappelle certes que le cinéma a toujours représenté un enjeu politique important. Mais il montre surtout que la collaboration internationale est indispensable au travail de l’ombre mené par les archives pour sauver les films.
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La restauration des Archives Françaises du Film, du CNC et de STUDIOCANAL, réalisée en 1997, avait permis de générer un marron, élément de sécurité, et des éléments de tirage image et son, afin que le film continue d’être vu et exploité dans sa version originale, fidèle au montage initial voulu par Jean Renoir. En 2011, STUDIOCANAL et la Cinémathèque de Toulouse décident de restaurer le film en numérique avec les techniques du XXIe siècle. Le négatif nitrate a été numérisé et restauré par le laboratoire L’Immagine Ritrovata (Bologne) permettant ainsi de retrouver une image originelle.
Fin