à gauche : Henri Garçin
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Critique publiée par Sirveno le 24 septembre 2014
« Légèreté » est le mot qui conviendrait le mieux à cette comédie sur l'Occupation, soigneusement mise en scène par Jean-Paul Rappeneau.Parler d'un sujet grave sur un ton léger, voilà l'exploit de ce film ! Tout le comique tient à ce parallèle entre d'une part « la vie de château et ses sujets sans importance » (l'ennui de Marie [Catherine Deneuve], le train de vie nonchalant de Jérôme [Philippe Noiret], la vie à la campagne), et d'autre part la guerre au moment et non loin du Débarquement. Cette légèreté tient d'abord à la performance des acteurs : Marie la jeune femme qui en revient à des amours adolescentes, la nonchalance bien connue de Philippe Noiret appliquée au personnage de Jérôme, la gouaille paysanne de Mr Dimanche (Pierre Brasseur).
Ensuite, la mise en scène, l'enchainement des séquences produit cet effet d'éphémérité et d'inanité des actionshumaines : peu importe ce que sont les personnages, ce qu'ils pensent ou ce qu'ils croient vouloir, ils ne sont que le produit des événements et des situations, et seul ces enchainements peuvent les faire évoluer. C'est ainsi que Marie abandonnera ses amours avec le résistant, Jérôme (re) trouvera une âme de patriote, M. Dimanche et la mère de Jérôme se réconcilient. Enfin, l'intrigue est parsemée de bons gags bien sympathiques et de situations amusantes et bucoliques qui feront toujours rire le spectateur. Au final, « La vie de château » est un modèle de légèreté dans son approche subtile des activités humaines au milieu d'une des époques les plus sombres de l'histoire de l'humanité.