Critique publiée par Crevard le 27 janvier 2011
Une adaptation moderne et réussie des 'Misérables', dans le cadre de l'Allemagne au temps de la RDA.Dans l'œuvre de Hugo, on suit le chemin de rédemption de Jean Valjean, victime de la justice des hommes, qui découvre peu à peu une justice supérieure, celle de Dieu.
Le parcours dans 'La Vie des autres' est le même, mais du point de vue d'un Javert, bourreau de la justice des hommes, qui découvrirait également une justice supérieure.D'autres points clés du chef d'œuvre hugolien se retrouvent dans ce film (le dilemme de la dénonciation. La rencontre avec un enfant, qui pose le premier pas sur la voie du Bien, ...) magistralement interprété. Les acteurs sont crédibles, réalistes, tout en nuances, poignants d'humanité avec leur cruauté, leur lâcheté, leur douleur, leur espoir, sans jamais tomber dans l'emphase, dans le manichéisme, dans le 'misérabilisme' justement.
Mention toute spéciale au personnage principal, chevalier inhumain et cuirassé au service de l'Ordre, dont on voit peu à peu l'armure se fissurer, dont on suit fasciné les hésitations, les doutes, les questionnements silencieux, les choix modifiés au moment ultime ; il est joué par Ulrich Mühe avec beaucoup de finesse. J'ajouterai à cet éloge que la fin du film est marquante, toute de simplicité et de sublime .Le film mérite amplement, c'est suffisamment rare pour être mentionné, les récompenses qu'il a reçus.