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 CINEMA :Les blessures narcissiques d'une vie par procuration
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CINEMA :Les blessures narcissiques d'une vie par procuration

VIP-Blog de tellurikwaves
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  • Créé le : 10/09/2011 19:04
    Modifié : 09/08/2023 17:55

    Garçon (73 ans)
    Origine : 75 Paris
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    ©-DR-LE ROUGE EST MIS de Gilles Grangier (1956) p17

    21/06/2015 05:56

    ©-DR-LE ROUGE EST MIS de Gilles Grangier (1956) p17



    Blog : MONCINEMAAMOI

    Sous la couverture du paisible garagiste Louis Bertain (Gabin) se cache « Louis le blond », roi du hold-up flanqué en permanence de Pépito le gitan, Raymond le matelot et Fredo le rabatteur. Un jour, ce dernier « lâche le morceau » à la police ce qui laisse planer le doute sur la trahison de Pierre, le frère du patron. Dès lors, tout s’emballe jusqu’au mortel affrontement avec Pépito. Comme au temps d’avant-guerre, Gabin meurt une fois encore une fois dans cette « série noire » au final tragique.
     


    JEUNES TALENTS
    Lorsque Gabin se lance dans le projet du Rouge est mis, il s'entoure selon son habitude de professionnels ayant largement fait leurs preuves. On trouve ainsi au scénario Michel Audiard et Auguste Le Breton ; derrière la caméra, Gilles Grangier, avec qui il travaille pour la quatrième fois ; à la lumière, Louis Page, l’un de ses chefs-opérateurs attitrés ; et autour de lui, des comédiens aussi chevronnés que Paul Frankeur, Albert Dinan ou Gaby Basset. Mais cela n'empêche pas le tandem Gabin / Grangier de faire également appel à tout un groupe de jeunes gens très prometteurs. Outre que le film fait franchir un pas supplémentaire à Lino Ventura, déjà remarqué dans Touchez pas au Grisbi, il permet aussi à Annie Girardot de livrer sa première prestation marquante.

    De même, Le rouge­ est mis offre l'un de ses premiers « vrais » rôles à Marcel Bozzuffi, dont le talent éclatera dans French Connection et Le gitan. Et l'on remarque par ailleurs dans le film un jeune homme qui fera beaucoup parler de lui : Jean-Pierre Mocky tient en effet ici le rôle de Le Pommadin, bien avant de signer en tant que réalisateur des œuvres aussi sulfureuses que Le miraculé ou Les saisons du plaisir. L'équipe du film de Gilles Grangier semble d'ailleurs constituer un véritable vivier de futurs cinéastes, puisque les assistants à la mise en scène ont pour nom Jacques Rouffio et Jacques Deray. Le premier signera entre autres Sept morts sur ordonnance et La passante du Sans-Souci ; le second, La Piscine et Borsalino... (Eric Quémeré)
     
    C'est le scénariste Michel Audiard qui, en 1957, a l'idée d'adapter pour l'écran le roman Le rouge est mis. Depuis l'adaptation du polar Du rififi chez les hommes deux ans plus tôt,Auguste Le Breton est devenu très à la mode, et Gabin a déjà interprété Razzia sur la chnouf, inspiré d'un de ses livres. Audiard propose donc le projet au duo gagnant formé par Gilles Grangier et Jean Gabin, qui ont déjà trois films en commun. L'acteur accepte sans hésiter le rôle de Louis le Blond, qui lui permet de renouer avec un rôle de malfrat : ces derniers temps, il a plutôt joué les « flics » notamment dans Razzia sur la chnouf et Maigret tend un piège. Si l’écrivain se dit prêt à vendre les droits de son roman, c’est à la condition expresse d’en écrire les dialogues ; or Gabin exige ceux de Michel Audiard. Le breton acceptera finalement, non sans mal, le dialoguiste. Mais il travaillera avec lui au scénario.

    Ainsi, il se rendra plusieurs fois chez lui en banlieue parisienne dans une auberge de Montfort-L’Amaury où il a établi « son bureau d’été ». Si leur duo littéraire délivre un texte empreint de violence, moins raffiné qu’à l’habitude, c’est de l’excellente « cuvée Audiard » servie par un Gabin au mieux de ses effets.Les séances de travail laisseront d'ailleurs un souvenir amusé au réalisateur, qui ne sera pas dupe des airs de mafieux que Le Breton se plaisait à prendre : « Il s'était fait un nom et avait construit son personnage autour. Il laissait entendre que son passé n'était pas blanc-bleu. Tout juste s'il ne disait pas que Du rififi chez les hommes était un roman autobiographique. Mais en fait, son casier judiciaire était vierge, ce qui faisait bien rire Albert Simonin (son rival de l'époque) ».

    Le romancier pousse même son personnage très loin : « À l'époque, il se promenait avec un Luger dans sa valise lorsqu'il nous retrouvait avec Audiard pour parler de l'adaptation de son roman. La crosse de l'arme avait une série d'entailles - une entaille = un ennemi tué - et il disait qu'il allait rendre visite à son éditeur qu'il ne trouvait pas « raisonnable ». C'était sans doute une façon de nous prévenir qu'il ne fallait pas trahir son livre ».
     
    Honneur aux dames, Grangier prouve un sacré flair en engageant une jeune révélation de la Comédie-Française au charme envoûtant, bientôt sacrée grande vedette : Annie Girardot. Malgré sa « trouille » et son jeune âge, vingt-cinq ans tout juste, elle s’intègrera rapidement à l’équipe : «  On imagine ce que cela peut représenter pour une comédienne qui « sort de l’œuf » de se retrouver face à une légende vivante, fait-elle remarquer. La puissance qu’il dégage, la force tranquille, la sérénité… Il semble indéboulonnable. » En effet, à l’issue de la première journée, il reprend son autorité naturelle : « Toi, la môme, tu viens à la projo » l’interpelle-t-il sans ménagement.

    Le tournage du Rouge est mis mobilise durant plusieurs semaines le personnel des studios de Saint-Maurice, grosse production où Grangier s'assure les services de deux assistants de choc, Jacques Deray et Jacques Rouffio, plus tard excellent réalisateur du Sucre, avec Gérard Depardieu. Pour réussir son affaire auprès de Gabin, le réalisateur a rassemblé des « fidèles », comme Gabriel Gobin (l'inspecteur Bouvard), Jean Bérard (Raymond le, matelot), Albert Dinan (l'inspecteur Pluvier), Albert Michel (l’employé du garage), Jacques Marin (un agent). Côté malfrats, Berval, légende des scènes marseillaises dans le rôle de Zé, savoureux « cacou » du Midi, ses amis le catcheur Thomy Bourdelle et le cafetier Georges « Jojo les grands pieds » Peignot : « Jojo gueulait tout le temps car on ne lui donnait jamais de rôles, il prétendait être aussi doué que « Le Vieux », il a terminé comme jardinier chez lui », révèle le journaliste Gilles Durieux.

    Parmi les techniciens,  il retrouve le chef opérateur Louis Page, vieux copain du temps d'avant guerre, à l'époque modeste assistant ; depuis longtemps, il souhaite être filmé par son « pote », dix ans bientôt d'une réciproque admiration, seize films ensemble jusqu'en 1964, date à laquelle le technicien prend sa retraite ! Lors des prises de vue, il croise aussi un jeune comédien niçois d'une vingtaine d'années auquel Grangier a confié un tout petit rôle, le futur réalisateur Jean- Pierre Mocky. « Gabin m'aimait bien et j'allais bouffer chez lui à Neuilly, raconte-t-il. Avec lui, j'ai entretenu les mêmes rapports simples qu'avec Bourvil. »

    Gabin, seul maître à bord après Dieu… A l’époque, Girardot en mène pas large car lorsque « Le Vieux » parle, on ne discute pas ! Si parfois, il a pu se montrer « cassant » avec ses partenaires tels Louis de Funès, en revanche il devient extrêmement prévenant avec d’autres comme Annie Girardot. Un jour, il l’a prévient juste avant de filmer une scène particulièrement difficile où il doit la gifler assez violemment : « Tu verras comme­ je serai impressionnant dans la scène où je dois te lancer une paire de baffes, mais n’aie pas peur lui » dit-il.

    Girardot se souvient de cette séquence tournée par un froid glacial dans les allées du bois de Boulogne : « Effectivement, il doit m’asséner un aller-retour cuisant, explique-t- elle. Alors que je me prépare à un dévissement de cou spectaculaire, je reçois la ­­claque la plus exquise du monde. Une caresse, une patte de velours de gros chat... » Entre eux, le courant passe bien, elle apprécie la façon très particulière dont il prend soin de ses partenaires : « Rapidement, avec lui, on a pris le temps de gueuletonner, il sentait vite le petit bistrot où on bectait bien ! De Funès, n'était pas de ceux-là ! » précise-t-elle.

    Si à l’écran, les dialogues argotiques ne sont pas du meilleur cru, ils font mouche lorsqu’ils sont balancés par un Lino Ventura forcément crédible en irascible Pépito ; c’est une véritable « machine à tuer », roi de la mitraillette et as du couteau, il ne fait pas dans la dentelle, « trucide » allègrement une famille entière puis, au final, se déchaîne sur tout ce qui bouge : « Ca m’a impressionné, surtout devant Gabin, il faut quand même faire le point », assure Michel Audiard présent sur le plateau, muet d’admiration face à l’Italien.

    Autre affaire de gifle, celle que Gabin doit recevoir pour laquelle, selon son ami Brunelin, « il s'est beaucoup amusé ». Dans le film en effet, sa mère (jouée par l'actrice Gina Niclos) doit lui asséner une claque sur le modèle de celle reçue par l'une de ses idoles, l'acteur américain James Cagney dans L'Ennemi public de William Wellman. « C'était dans les bons jours de Jean, raconte Paul Fankeur, se prendre un coup de paluche de sa mère l'avait fait marrer... Un autre jour, il aurait envoyé tout balader ! »

    Le 9 mars 1957, après quatre semaines de tournage, Grangier achève son film par une grande fête organisée dans les studios de Saint-Maurice. Quelques jours plus tard, le 25 mars, Gabin apprend avec tristesse la disparition d'un autre grand cinéaste apprécié en son temps, Max Ophüls, en compagnie duquel il a tourné Le Plaisir.

    Il a été compliqué de convaincre le producteur Alain Poiré (futur président de la Gaumont, et père du réalisateur des Visiteurs) pour ne pas édulcorer la violence du scénario : Poiré craint en effet d’effrayer le spectateur, et insiste notamment pour que le film se termine en happy end, ce que Grangier juge « aberrant.» Le cinéaste résistera donc jusqu'au bout,n'acceptant de faire des concessions que pour l'histoire d'amour entre Pierre et Hélène. Pour le reste, Le rouge est mis baigne dans un pessimisme qui en fait le digne équivalent des films noirs hollywoodiens.

    Quant à l'alchimie du casting, elle fonctionne à merveille, comme le rappellera bien des années plus tard Gilles Grangier : « Gabin était formidable. Son personnage était d'une grande brutalité, et il foutait vraiment la trouille. (...) Lino crevait l'écran. Frankeur et Bozzuffi étaient parfaits. Et je retrouvais Girardot. Elle était bandante l'Annie, et quel talent ! ». Des louanges qui aujourd'hui encore nous paraissent amplement méritées à la vision de ce polar devenu un grand classique des années 50.

    (Les citations sont extraites de Passé la Loire, c’est l’aventure,
    livre d ‘entretiens entre Gilles Grangier et François Guérif, éditions Terrain Vague, 1989)
     





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