SENS CRITIQUE
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Critique publiée par nate6691 le 5 février 2015
"Billy Elliot" est à sa manière un conte de fée ou plutôt une parabole sur l'affirmation de soi. Comment un jeune garçon va se révéler à lui-même puis aux autres lorsqu'il va mettre à ses pieds des chaussons de danse et oublier aussitôt les vieux gants de boxe symbolisant la tradition masculine familiale et le carcan des préjugés.
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1984, Maggie Thatcher a déclaré la guerre au puissant syndicat des mineurs: son projet est simple, abattre ce qu'elle considère comme un vestige du 19ème siècle: l'exploitation des bassins houillers, le travail à la mine qui fait vivre des milliers d'ouvriers dans plusieurs régions de Grande-Bretagne: Nord de l'Angleterre, Pays de Galles...
Elle souhaite fermer 20 mines de charbon déficitaires - voilà pour le contexte historique - Billy est issu d'une famille humble de mineurs, sa vie est déjà bien compliquée avec la disparition récente de sa mère; à présent son frère aîné, mineur, s'implique corps et âme dans la lutte et la grève et son père est en pleine confusion émotionnelle, mineur également. Mais Billy ne se voit pas plonger plus tard dans les profondeurs de la terre, il rêve plutôt de s'envoler, le corps en feu- comme il dit - vers un autre univers, fait de musique, de mouvements gracieux ou bien électriques. Un rêve aux antipodes du milieu socio-culturel dans lequel il est né.
Le film évite tous les écueils inhérents à ce genre d'histoire, à commencer par le côté larmoyant de la situation, car les personnages sont très bien écrits - Jamie Bell est extraordinaire, au sens propre du terme - on s'intéresse à lui, on entre dans sa tête d'enfant de 12 ans. Les adultes sont campés par des acteurs qui vivent leurs personnages (géniale Julie Walters) - avec cet accent inimitable du Comté de Durham - le film est bien filmé avec des trouvailles de cadrages, une photo qui rend presque joli un quartier ouvrier d'une ville côtière du Nord-Ouest anglais et la reconstitution est précise. Quelques moments graves, des passages cocasses - comme les dialogues entre les pré-ados, entre autre le pote de Billy ou Debbie la fille du prof de danse - tout sonne juste.
C'est pourquoi le film provoque un courant de sympathie immédiat. C'est du cinéma, oui on se laisse prendre car la sauce est savamment dosée. Et tant pis pour les ronchons qui trouveront tout cela "trop" joli pour être vrai. Mais peut-on dire que la violente grève des mineurs qui dura un an, pour se terminer par la "victoire" du gouvernement libéral de la Dame de Fer, est une jolie toile de fond? Ce qui est enthousiasmant c'est que dans ce chaos une fleur puisse pousser entre les maisons tristes de brique, qu'un petit bout de garçon parvienne à exister en étant lui-même. L'histoire et le film sont à leur manière des petits miracles.