Critique publiée par batman1985 le 6 mai 2011
Revu pour la quatrième ou cinquième fois. Ca reste un des films de Jeunet que j'ai vu le plus avec Le fabuleux destin d'Amélie Poulain. A l'époque, j'avais gardé un excellent souvenir de cette oeuvre. Pourtant, avant de le revoir avec un oeil un peu plus critique, je craignais une forme de transposition de l'histoire d'Amélie dans un contexte de la Première Guerre mondiale. Si le contexte est un peu le même et qu'un parallèle peut être fait entre la recherche de l'âme soeur d'Amélie et la volonté de retrouvé Manech de Mathilde, la ressemblance s'arrête plutôt là.

Car mine de rien, Jeunet parvient à mettre suffisamment de personnalité dans ce film que pour convaincre le spectateur. Premièrement, l'utilisation de la couleur sépia est justifiée, évoquant sans aucun doute un retour en arrière, pour nous permettre de rentrer dans le film de la meilleure des manières. Un sentiment de retour dans le temps qui est le bienvenu. Mais aussi le retour sur une époque bien difficile et triste.

Fidèle à ses habitudes, Jeunet ne veut pas faire dans le mélodramatique et son oeuvre se base plutôt sur l'espoir et la vie. La volonté de retrouver vivant cet être cher, ne jamais se décourager en dépit des difficultés et des avis parfois opposés de membres de la famille ou du cercle d'amis. Jeunet se permet également de rendre hommage à un autre film sur la Première Guerre mondiale qu'est Les sentiers de la gloire de Stanley Kubrick. La touchante musique de Badalamenti rappelle celle utilisée par Kubrick.

De plus, l'attaque des français sur une position allemande est filmée avec un travelling horizontal de droite à gauche comme le cinéaste britannique l'avait fait. Certaines vues à l'intérieur des tranchées ressemblent également à ce que Kubrick avait réalisé.Il ne sert évidemment à rien de vouloir comparer les deux films sur le fond. Les sentiers de la gloire s'apparentait surtout comme une critique virulente du haut-commandement français et évoquait largement la bêtise de la guerre. Un long dimanche de fiançailles s'apparente plus à une histoire d'amour sur fond de guerre. Même si Jeunet se permet de temps en temps quelques critiques aussi.

L'innocence du jeune Manech contraste énormément avec l'horreur de la guerre. Jeunet offre un visage très humain à la plupart des soldats, qu'ils soient bons ou mauvais. Certes, l'oeuvre n'est pas parfaite, quelques passage se révèlent très naïfs tandis que d'autres ressemblent quand même à ce qui se faisait dans Amélie Poulain. Toutefois, l'oeuvre fonctionne très bien chez moi, résistant à la multiplicité des visions. Un nouveau très bon film de ce cinéaste qui a réussi à s'imposer dans un cinéma français actuellement bien morne.