LE MAUVAIS COTON (extraits)
http://www.lemauvaiscoton.fr/cinema/festival-lumiere-2013-nouvel-hollywood-hal-ashby/
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[...] Tout en en étant en quelque sorte un auteur oublié, Hal Ashby, à l’honneur cette année, exemplifie bien des traits du Nouvel Hollywood : il rompt avec les tournages en studio pour aller filmer ses histoires en décors naturels, se contente de modestes budgets et bénéficie donc parfois d’une impressionnante rentabilité de ses films (3 millions de dollars de budget pour Le Retour et le quintuple de recettes, en 1978), innove dans la forme (En route pour la Gloire est, en 1976, le premier film à utiliser la Steadicam) et porte surtout de film en film l’esprit contestataire de la « Décennie du Doute » américaine.
Père suicidé, mère distante, problèmes comportementaux, mariage et divorce à 19 ans, précarité de ses débuts à Los Angeles : ce sont peut-être ses années de jeunesse particulièrement chaotiques qui explique la prédilection d’Ashby pour les personnages de marginaux dont il sublime la résistance aux forces liberticides qui traversent les années 70 – en premier lieu la conscription durant la Guerre du Vietnam.
Chez Ashby, la résistance aux carcans moraux et aux politiques les plus dures de l’époque s’organise dans l’intimité : c’est cet amour hors-norme entre un adolescent suicidaire et une vieille débordante de vie dans le cultissime et réjouissant Harold & Maude (1971), ces marins indisciplinés de l’US Navy dans La dernière Corvée (1974), ces amants sacrilèges traumatisés par le Vietnam dans Le Retour (1978) ou encore ce vieil homme anormalement innocent qui dévoile malgré lui les absurdités de la politique nationale dans la satire mordante Bienvenue Mister Chance (1979).
Il suffit de découvrir les prestations de Jack Nicholson(Prix d’interprétation à Cannes pour La dernière Corvée*), Jane Fonda, John Voigt (tous deux oscarisés pour Le Retour) ou encore Peter Sellers (Mister Chance est son dernier rôle) pour deviner le merveilleux directeur d’acteurs qu’était Hal Ashby. Du fait que celui-ci n’ait que rarement été l’initiateur des projets qu’il rejoignait, son oeuvre touche-à-tout est peut-être moins porteuse d’une identité propre que celles de ses contemporains. Pour autant, il semble que le message importait plus au cinéaste que la forme, et l’aperçu de son oeuvre offert par le Festival offre un regard tendre sur une décennie de contestations et de rêves de liberté…
* Incompréhensible pour moi tant ce film est mauvais