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 CINEMA :Les blessures narcissiques d'une vie par procuration
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CINEMA :Les blessures narcissiques d'une vie par procuration

VIP-Blog de tellurikwaves
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  • Créé le : 10/09/2011 19:04
    Modifié : 09/08/2023 17:55

    Garçon (73 ans)
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    ©-DR- CARLA'S SONG de Ken Loach (1995) p13

    01/02/2015 05:33

    ©-DR- CARLA'S SONG de Ken Loach (1995)  p13


     

    L'écran noir (1ére partie)

    A l'ère où le cinéma préfère la rentabilité et la facilité à l'effusion d'idées originales et créatives... Quand les effets spéciaux remplacent l'esthétique naturelle... Lorsque l'action prime sur l'émotion... Ken Loach et son œuvre font presque figures d'ovni. C'est la Loach finale? En tout cas, l'un des fidèles contestataires du grand écran, barricades du classicisme et de l'authenticité, tel un électron libre se frayant un chemin au milieu d'une fin du monde (à lui). Il fait partie de ceux qui ont résisté au chant des sirènes d'Hollywood pour mieux se poser comme observateur du réel, dénonçant les injustices (de la société britannique notamment) et l'inefficacité des institutions (publiques). Il s'installe comme le résistant d'un cinéma néo-réaliste dans cette Angleterre thatchérienne. Il y a urgence. Faire des films socialement engagés, ne pas renoncer au discours politique, telle est la promesse de Ken Loach.

    Kenneth Loach est né le 17 juin 1936, en plein avènement des congés payés en France. Lui cri près de Coventry. British donc. Son amour pour la lutte sociale lui vient de son père, électricien dans une usine fabricant des outils, un monde ouvrier auquel il rendra hommage tout au long de sa carrière. Après avoir fait son service militaire - dactylo - dans la Royal Air Force, il s'inscrit à Oxford pour suivre des cours de droit. Il y prendra ses premières leçons de théâtre et finira par abandonner l'université pour devenir le président de son Club de théâtre expérimental. Acteur passionné et metteur en scène de talent pour de nombreuses compagnies de Birmingham, il finit par rejoindre ABC Television, où il devient assistant réalisateur en 1961. La majeure partie de son œuvre sera consacrée à la petite lucarne, en plein essor dans les années 60. Les anglais n'ont pas la pudeur des frenchys : L'important est d'être constant : travailler sans se soucier de l'image (des autres).

    Loach. Cinéma. Révoltes.

    C'est en travaillant aux côtés du producteur Tony Garnett que Ken Loach prend toute la mesure du pouvoir politique et social que lui offre l'image. Il dirige une série de fictions basées sur des événements réels (The Wednesday Play), un exercice stylistique ambitieux et novateur pour l'époque. Même s'il existait déjà dans l'industrie du film britannique une tradition du réalisme et de la contestation (l'école de John Grierson dans les années 30/40 et le Free Cinema dans les années 60), Loach semble avoir ouvert la voie à un nouveau type de création: "le docudrama". Comme son prédécesseur George Orwell, il dépeint des situations contemporaines à leur tournage (majoritairement) et s'attache à décrire des personnages – qu'il ne condamne jamais – ancrés dans un milieu socialement défavorisé, et à comprendre et expliquer leurs comportements. Rousseauiste : la société nous créé tels que nous sommes. Sont dénoncés pêle-mêle les patrons cyniques, les Travaillistes impuissants, les Conservateurs arrogants, les malfrats usuriers, les petits chefs…

    "Je ne montre pas seulement la surface de la société mais aussi les structures qui la composent. La fiction, la dramatisation de l'histoire, c'est l'aspect visible de l'iceberg, la politique en est la partie immergée". Autant dire 90% de son art.

    Largement influencé par le cinéma tchèque et italien et son engagement à gauche du Parti Travailliste (il se déclare lui-même Trotskiste), il bouleverse la télévision et crée des débats politiques intenses autour du manque d'opportunité économique et ses effets psychologiques sur la population. Loach et Garnett espéraient que leurs fictions sociétales feraient bouger les classes moyennes et ouvrières pour réduire les inégalités. Le cinéaste anglais démontre à quel point les hommes sont maîtres de leur destin et non soumis à lui, qu'ils peuvent changer le cours des choses à force de courage et de volonté. C'est en réalisant le téléfilm Cathy Come Home qu'il crée l'événement télévisuel des années 60. Celui-ci raconte la vie misérable de jeunes parents devenus SDF à qui les services sociaux – décrits comme injustes et inhumains – retirent la garde des enfants (un sujet cher au réalisateur qui le reprendra près de 30 ans plus tard dans Ladybird).

    L'impact est considérable: le scandale est repris par la presse, des députés interviennent au Parlement pour modifier la législation afin de venir à l'aide des plus démunis.Malgré ses succès télévisés, Ken Loach dérange par son audace et ses démonstrations de vérité, et le BBCF [le bureau anglais de la censure] le lui fait payer en l'inondant de bureaucratie. Mais décidé à passer outre, Pas de larmes pour Joy, son premier long métrage, est produit par un producteur d'Hollywood. Puis, par soucis d'indépendance, il monte, avec son collaborateur, de toujours une société de production (Kestrel Films) au moment de la réalisation de Kes, un film bouleversant qui lui apporte la première reconnaissance internationale.

    Family Life marquera un tournant dans son œuvre : l'aspect proprement psychologique y tient le rôle principal sur fond de critique incriminant une institution (ici médicale). Plus il évoluera, plus il affinera ces aspérités, nos failles. Essentiellement masculines même s'il ne méprise jamais le féminin. Ses personnages, incarnés par des hommes troubles ou innocents (selon les films), sont au centre de l'écran, de son regard, se voient tomber...

    Une fois séparé de Tony Garnett (ayant succombé aux charmes d'Hollywood), Ken Loach naviguera entre projets pour la télévision et pour le cinéma tout au long des années 70, avec dans ses tripes, une bonne dose de revendication sociale: Days of Hope retrace le mouvement ouvrier et travailliste entre 1916 et 1926, The Price of Coal est un faux documentaire irrévérencieux sur la visite du Prince Charles dans une mine du Yorkshire, etc... A l'arrivée de Margaret Thatcher et de ses réformes draconiennes, le ton change, se durcit; contre le pouvoir en place, il filme The Gamekeeper, A Question of Leadership, Which Side Are You On?, Time to Go.

    Ses films déplaisent (Regards et Sourires) et ses projets sont refusés (l'un dénonçant la bureaucratie syndicale et l'autre sur la fermeture d'une usine à Manchester). Le couperet ne tarde pas à tomber: la censure lui interdit la diffusion de certaines œuvres (comme Talk About Work) et il devient difficile de trouver des distributeurs pour ses films.Malgré tout,et grâce au soutien des festivals inter nationaux Fatherland et Hidden Agenda voient le jour après d'âpres discussions financières. La reconnaissance et l'aisance viendront bien plus tard, à la chute du régime de Maggie. Lui boit le bouillon.






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