Critique publiée par Mathieu CRUCQ le 19 mars 2013(7/10)
Qui l’aurait cru ? Qu’un film mis en scène et scénarisé par le réalisateur de l’insignifiant The Eye (avec Jessica Alba) et avec pour premier role Virginie Efira deviendrait l’une des meilleures comédies française du début d’année ? Une comédie de la trempe d’un l’Arnacoeur qui il y a quelques années avait redonné des couleurs à un paysage cinématographique français plutôt moribond et auto-satisfait. Après le nouveau Jaoui-Bacri “Au bout du conte” il y a peu, le cinéma français s’est offert une véritable cure de jouvence en proposant coup sur coup de vraies et bonnes comédies, divertissantes,drôles,touchantes et jamais condescendantes
Une bouffée d’air frais que 20 ans d’écart caractérise à merveille en devenant l’un des spectacle les plus pétillants du moment et certainement la comédie la plus fraîche depuis 2010. Une sorte de petit miracle tant la combinaison de départ n’apparaissait pas gagnante (David Moreau le réalisateur étant plutôt associé au genre horrifique) et qui de fait, permet de révéler au grand public les talents comiques de Virginie Efira puisqu’elle y interprète de loin son meilleur rôle depuis ses débuts d’actrice.
En surfant sur la vague de la MILFitude, 20 ans d’écart déploie une trame narrative relativement simpliste prenant corps sur la volonté d’une femme de 38 ans décidée à sauver son emploi en devenant plus “branchée” (elle travaille pour un magazine de mode nommé Rebelle). Fondamentalement coincée mais consciente d’une potentiellement d'un potentiel de séduction notoire, Virgine Efira puisqu’il s’agit d’elle va donc tenter l’expérience en créant une romance de toute pièce avec un étudiant quant à lui franchement tombé sous le charme.
Le film s’inscrit tellement dans notre époque et dans certaines moeurs actuelles que l’on se demande encore comment l’idée n’a pas germé avant aux USA. Quoi qu’il en soit, si l’histoire n’a rien de fondamentalement nouvelle en dépit du pitch de base, elle réussi à ne jamais tomber dans les travers éculés et pénibles de la romcom vue mille fois, même si elle joue en permanence sur le contraste entre les deux individus, à l’origine des ressorts comiques de l’entreprise. La réussite passe bien évidemment par les comédiens, tous très convaincus et donc convaincants mais surtout mais un script bien écrit, rondement mené à l’écran et multipliant les situations à fort potentiel pour provoquer le comiquede situation.
En exploitant au mieux les talents de son duo principal, le réalisateur place sur piédestal Pierre Niney qui offre une prestation à mi-chemin entre la naïveté touchante le spectacle de stand-up. Agé d’à peine 24 ans, il transforme la scène la plus banale en véritable petit bonheur grâce à des répliques faisant systématique ment mouche un diction naturelle et détachée totalement salvatrice. Il se dégage un sentiment de vraie maîtrise dans 20 ans d’écart, uneconnaissance des mécaniques humoristiques et sensibles qui servent également l’ensemble des personnages secondaires, essentiels à la mécanique pour apporter du renouveau au sein d’une intrigue malgré tout classique même si parfaitement gérée.
De Charles Berling en roue libre, ersatz de Dominique Chapatte (de l’émission Turbo) et présentateur un peu bobeauf d’émission automobiles, aux collègues de la rédaction du personnage de Virgine Efira en passant par une photographe histérico-vulgaire en fin de film, tous bénéficient d’un vrai traitement et d’un “moment à eux” pour les faire devenir plus que de simples instants.
Outre l’énergie communicative du film, c’est bien le traitement très américain qui permet de se rapprocher de l’Arnacoeur avec qui il trouve un nombre de similitudes frappante. Il est évidement qu’au petit jeu des comparaisons, 20 ans d’écart est davantage à ranger aux cotés d’un Diable s’habille en Prada que d’un Astérix 4.Une volonté de coller au plus près des standards du genre qui donne un souffle peu commun à cette production 100% française même si le réalisateur n’est pas totalement étranger à la machine Hollywoodienne puisqu’ayant travaillé sur The Eye.(une grosse bouse!)
Jusque dans l’affiche blanche et rouge qui pourrait faire penser à n’importe quelle comédie US, 20 ans d’écart tente de casser les codes d’un certain cinéma hexagonal cherchant à être drôle mais qui sent depuis un moment vraiment la naphtaline (cf Vive La France ou Turf ) . Au final, on se retrouve face à un produit d’autant plus plaisant qu’on nel’attendait pas à ce niveau de générosité, une entreprise gagnante à tous les niveaux et qui semble être un nouveau témoin que le renouveau de la comédie Française passera peut-être par les codes US. Dans le fond, 20 ans d’écart n’a rien de bien nouveau voire même d’extraordinaire, dans la forme en revanche, le spectacle est là et se révèle franchement enthousiasmant. Un vrai petit coup de coeur !