Critique de P. VERMEIRSCH sur CINEBEL
Le film de Camille Claudel réalisé par Bruno Nuytten en 1988, avec ISABELLE ADJANI et GERARD DEPARDIEU, raconte l’histoire de toute la vie de l’artiste jusqu’à son internement. Le film au presque même nom, CAMILLE CLAUDEL 1915, de BRUNO DUMONT sorti en JANVIER 2014 sur les écrans belges, avec JULITTE BINOCHE dans le rôle principal, raconte seulement mais de manière strictement complémentaire le malheureux internement de l’artiste. Internement qui durera 33 ans.
Si CAMILLE CLAUDEL et sa vie ont été passionnantes les deux films ne dégagent pas ce sentiment. Ce sont deux films à la limite du documentaire autobiographique. Mais l’important n’est pas là. L’essentiel est dans le sentiment de révolte que dégagent les deux films. Un sentiment de révolte à plusieurs titres. Comment une mère peut-elle arriver à détester sa fille au point de la haïr durant la vie de son père (que CAMILLE avait déçu mais qui malgré tout l’aimait profondément et la soutenait dans le difficile choix que d’être une artiste) et de tout faire pour l’enfermer dans un asile à la mort du papa de CAMILLE (seulement une semaine plus tard) ?
S’il semble vrai que CAMILLE CLAUDEL souffrait d’une certaine démence cette dernière ne représentait pas une pathologie lourde justifiant un internement. Bien au contraire le médecin même de l’hôpital psychiatrique avait recommandé à la mère de CAMILLE un retour à la maison et ce même dans un but thérapeutique. PAUL CLAUDEL et CAMILLE étaient du temps de leur jeunesse fort proches. Même très proches. Seulement le temps et la carrière de « MONSIEUR LE DIPLOMATE » vont les éloigner peu à peu. « MONSIEUR LE DIPLOMATE » aura bien d’autres chats à fouetter que de s’occuper de sa sœur : il voyagera beaucoup et deviendra l’écrivain que l’on connait.
En 33 ans d’internement de CAMILLE CLAUDEL il n’aura le temps que la visiter, courtement, que 15 petites fois. Chaque visite était courte et parsemée de leçons de morale : fait pas ci, fait çà etc….PAUL CLAUDEL n’aura jamais eu la présence d’esprit de faire sortir CAMILLE de son internement après la mort de leur mère. Pendant la deuxième guerre mondiale les hôpitaux avaient des difficultés à nourrir leurs pensionnaires. Ici non plus pas le moindre geste de la part de son frère. CAMILLE terminera même par mourir non pas de vieillesse ou de maladie mais de faim.
Son frère ne viendra même pas à ses obsèques et la laissera être enterrée dans la fosse des indigents de l’asile. Si PAUL CLAUDEL a été un grand écrivain il aura été surtout un pauvre type, un bien piètre frère et surtout pas un homme. CAMILLE CLAUDEL 1915 a été projeté très peu de temps dans l’ensemble des salles francophones. Bien plus longtemps dans les salles flamandes.Les francophones n’auraient-ils rien à cirer de CAMILLECLAUDEL??