Critique publiée par Foulcher le 8 novembre 2011
Très étrange film que ce Subway, huis clos intrigant dans le métro parisien qui semble suspendu dans une autre réalité, celle d'un monde souterrain et de ses marginaux. Dès le début du film, l'on comprend que notre héros est un drôle de bonhomme et qu'il ne faudra pas s'attendre à ce que le scénario initial soit le centre du film. En effet, Subway est davantage un film d'ambiance plus abstrait qu'il n'y paraît.Au fur et à mesure que le film avance, l'on découvre un monde souterrain peuplé d'originaux qui deviennent vite attachants, plongeant vraiment le personnage dans un cadre intimiste et fascinant.
Un autre point de ce film est le mytère environnant ce monde que pourtant Besson nous donne à voir de si près. En effet, les personnages nous sont donnés à voir au travers d'une appararence, d'une activité ou d'une expression particulière plus que dans les détails sur leur vie ou sur leur situation (certains comme le type à roller sont pratiquement inconnus . Ainsi, les personnages nous sont donnés à voir dans leur fragilité d'hommes presque desenchantés voire désorientés, la communication passe essentiellement par les sens.
Dans ce métro opressant, le temps et la société n'ont plus cours. Il y a toujours cette distance entre les passants de la surface et les habitants du sous-sol. Le personnage d'Helena n'échappe pas à la règle avec son regard désincarné et sa figure vide toute émotion. D'ailleurs, lors de la scène du dîner, les autres apparaissent comme habitants d'un autre monde qu'elle décide de fuir. Le mystère plane également autour de l'intrigue même. Jamais le contenu des documents est explicité ni même la nature des poursuivants.
Ainsi Subway demeure une aventure au sein d'un autre monde, d'une autre vision de la société déconnectée de toute autre réalité. Dans ce monde "sauvage" et vaporeux qui échappe tout au long du film aux agents de la société (les policiers) apparaît comme un ferment des passions environné d'une société étouffante. Le final grandiose est à la fois l'aboutissement d'un rêve par la coopération d'une société simple, une réunion des hommes, une libération d'une passion enfouie et la délivrance d'un marginal du joug de la société qui étouffe ses rêves.
Un très beau film dont l'originalité et l'étrangeté ont pu rebuter beaucoup de spectateurs. Sa bande-son tout comme ses silences resteront mythiques pour moi.