Critique publiée par STEINER le 6 décembre 2013
En reprenant ce conte pour enfant, Cocteau n’a pourtant rien abdiqué de sa mythologie personnelle Reprenant son interprète d’élection , Jean Marais,, il se charge lui- même de la mise en scène et contre toute attente, alors que la mode était au réalisme, c’est un triomphe. "Un rêve dormi debout " : c’est la définition que donne Cocteau du cinéma, et c’est ici l’illustration même du film.Avec un minimum de truquage et en puisant adroitement dans le stock en magasin du merveilleux classique (château, forêt, candélabres animés, cheval magique, amour triomphant du sortilège), le cinéaste est parvenu à créer un conte de pure féérie.L’esthétique picturale y joue un rôle déterminant : on est à mi-chemin de Vermeer et de Gustave Doré.Dans cette somptueuse imagerie, le blason du poète a trouvé un écrin à sa mesure.Et si le « vol nuptial » de la fin a quelque chose d’ambigu, de désincarné, la magie de l’image a recouvert les récifs des fantasmes freudiens.Le chef-d'oeuvre de Cocteau.