Richard Modica : Paul quant à lui,romantique et gentleman
multiplie les conquêtes bien qu'il cherch(asse) le grand amour
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LA VIE EST BELLA
Kollek collectionne les personnages bizarroïdes : une serveuse de bar ex yuppie avec des airs de blanche neige trash, une pûte qui bégaie, in écrivain chauffeur de taxi qui déculotte toutes les fesses qui bougent, ou encore un vieux monsieur timide qui n’ose pas avouer son amour à une femme rencontrée par petites annonces?Et tous,dans ce milieu urbain sans nom et sans caractère, cherchent l’âme soeur, le bonheur, en surmontant leurs propres peurs.Fast Food Fast Women, c’est le contraire de Fast Fuck Fast Love. Les comportements étranges et beaux de ses vies désoeuvrées délivrent chacune d’entre elles de leurs prisons, de leurs névroses.Ecrit comme cela, on pourrait croire à un de ces drames sentimentaux aux dialogues prise-de-tête. Mais en fait, le film est une comédie, mélangeant les mÏurs(?) et les bons mots.
Avec un sens certain de la dérision, une écriture subtile et légère qui ne masque en rien la profondeur des blessures, le cinéaste quitte un peu ses territoires explorés pour voguer vers un cinéma grand public. La réussite de FFFW est sans doute dans l’accumulation de scènes " sucrées-salées " sur les maladresses de chacun, de personnages si loins et si proches, de réparties qui fusent et nous font exploser de rire. La déjantée Anna Thomson, ni belle ni laide, ni jeune ni vieille, occupe merveilleusement l’espace que lui donne son réalisateur. A la fois naïve et fonceuse, innocente et lucide, ce rôle de serveuse instable en quête de stabilité (familiale), lui va à ravir tellement elle fait des ravages,naturellement.
En bombe sexuelle, et pseudo BB (animaux inclus), elle ne fait que symboliser la femme comme pur objet de fantasme et de défoulement masculin. Très sexué, voir d’apparence sexiste, le film est en réalité un hymne à la femme. Les hommes y sont mateurs, soumis, lâches, passifs qu’ils soient un jeune père n’assumant rien et surtout pas l’engagement, un vieil homme qui ne sait plus avouer ses sentiments, un autre qui n’ose pas draguer une prostituée, ou encore ce mari qui trompe sa femme depuis des années et mène en bateau sa maîtresse.
La sexualité y est un plat qu’on mange crû et qui obsède les vieillards comme le jeunes. Qu’elle soit marginale ou romantique, elle est au coeur des tourments et des bonheurs de chacun. C’est un sujet sans tabous qui véhicule toutes sortes d’appréhensions personnelles comme le vieillissement, le rapport à l’autre, le don de soi.FFFW est une comédie dans l’air du temps, admirablement écrite (ce qui confirme la force des indépendants américains dans le domaine), et filmée avec un style indéniable.
La dernière partie est un modèle d’allégories invraisemblables et pourtant cohérentes que seul le cinéma peut oser. Le matérialisme qui soutient le film philosophiquement, tant l’argent qui contribue au bonheur, que le corps monnayé pour de l’argent, s’avère un mal nécessaire pour obtenir ce que l’on veut.Il restera le courage et la folie de son héroïne, le charmant Bruno et un réalisateur qui confirme tout son talent à travers une histoire magique et hilarante, un miroir à notre détresse et à nos espoirs. En un mot, brillant.
Vincy