Cinéclub de Caen (extraits)
	sans le résumé qui raconte tout le film
	Les savates du bon Dieu, ce sont les laissés-pour-compte, les condamnés au malheur et autres prolétaires résignés auxquels Jean-Claude Brisseau s'intéresse depuis toujours.
	L'ouverture vers les mondes originaires passe cette fois par l'amour, mis en scène dès les premiers plans où le jeune mari d'Elodie mari dit, off, son exaltation de savoir son travail terminé : "Je cours vers elle, je cours vers elle" et où cet amour lumineux comme les plans qui l'incarne est scandé par de brefs plans noirs et magnifiée par la musique.
	Après la disparition d'Elodie pour Fred, la nature sera d'une beauté artificielle aux couleurs frelatées.D'ailleurs comme le dit Maguette,la région est bourrée de gens riches,des artistes, des gens de cinéma, des socialistes.Les riches y habitent des maisons musées
	
	La littérature ou plutôt l'éducation littéraire tiennent ici une grande place. C'est la lettre de rupture avec les fautes corrigées, la leçon de français et "je ne suis pas un bébé",les poèmes de Prevert :
	
	Me penchant vers toi
	Reine des adorées
	Je croyais respirer le parfum de ton sang..
	( Le balcon, Baudelaire)
	Cet amour
	Si violent
	Si fragile
	Si tendre
	Si désespéré
	Cet amour
	Beau comme le jour
	Et mauvais comme le temps
	Quand le temps est mauvais
	Cet amour si vrai
	Cet amour si beau
	Si heureux
	Si joyeux
	Et si dérisoire...
	(Cet amour dans Paroles de Prévert)
	
	Le poème de Prévert sert d'embrayeur lyrique pendant que se déploie la musique et des flashs sur des scènes de hold-up, de fuite, et du corps d'Elodie. Au monde originaire auxquels appartiennent sans conteste Fred l'innocent, Elodie, princesse du capitalisme et Sandrine, amoureuse sans espoir, vient se joindre pour une fois chez Brisseau une figure lumineuse et légère, celle de Maguette sorte de, prince des mille et une nuit. Indiffèrent aux souffrances de l'amour : "Seul les pauvres ont des malheurs d'amoureux. Les rois ne sont pas abattus parce que leurs femmes ou leur maîtresse les ont abandonnés" ; sorte de Christ porte-parole d'une éducation libérée :
	"Mes petits enfants en vérité je vous le dis vous êtes libres allez répandre la bonne nouvelle partout. Faites désormais ce que bon vous semble."