Sens Critique    
par PPHF  
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La difficulté avec la filmographie de Claude Autant-Lara, très irrégulière, est de déterminer la part qui revient précisément au réalisateur et celle de ses collaborateurs - enl'occurrence les scénaristes. Pour la Traversée de paris, le casting est impressionnant - Marcel Aymé pour la nouvelle adaptée, Aurenche et Bost pour l'adaptation. La réussiteassez remarquable de l'ensemble tient sans doute à l'harmonie résultant de la rencontre, même si à mon sens l'apport de Marcel Aymé est sans doute le plus déterminant.
Tous les épisodes du récit sans exception porte la marque de Marcel Aymé, de son humour grinçant, de son pessimisme et de sa misanthropie cruelle. Tous ces épisodes sontexcellents, de la confrontation avec les exploiteurs ("Janvier, rue Poliveau") ou avec le peuple dans le café (le mythique "salaud de pauvre"), les rencontres évitées avec les policiers et celle contrainte qui voit Gabin jouer brillamment les débiles ("moi, j'ai plein de papiers")avant d'assommer le représentant de l'autorité,les deux passages dans les appartements, avec le quiproquo joliment mimé sur le mot "peintre", le poème de Heine déclamé par Gabin, la jeune fille admiratrice de la résistance mais ne crachant pas sur le cochon 
("cela m'intéresse aussi"), l'épisode des chiens, l'interception de Gabin et Bourvil par la patrouille allemande au moment où ils sont entrain de péter les plombs, lapremière fin à la Kommandantur où l'humour cette foislutte en vain contre la réalité de la guerre..Il reste que la mise en scène, certes strictement chronologique (avec la double ellipse finale) et classique, est à la fois dynamique et fluide, met bien en valeur les trouvailles duscénario et présente même de vraies réussites de réalisation - comme l'arrivée de la patrouille allemande filée depuis l'intérieur de l'immeuble en ombres chinoises.