Le sous texte est important : on apprend, ou devine, que Rahima, plus jeune, avait emprunté une toute autre voie que l’austère rigueur qu’elle observe aujourd’hui. On comprend aussi que les deux personnages n’ont plus que l’autre au monde, et que la société bosniaque ne fait pas de cadeau à ses orphelins de guerre, pourtant ceux qui ont payé le plus lourd tribut au conflit qui a ensanglanté le pays dans les années 90.
	 
	Rien n’est explicite dans cette oeuvre où les sons et l’éclairage en disent bien plus long que les mots sur les tourments intérieurs des personnages et de la société toute entière. Rahima, Nedim et les autres sont plongés dans une enclave sinistre, et la vie à Sarajevo ressemble à une éternelle fin du monde où les quelques survivants tentent de s’arranger avec le quotidien malgré tout,en serrant les dents.La bande son est une présence continue aussi menaçante qu’invisible, écho inévitable de la guerre, hante la mémoire des Bosniaques.