Critique de Voir à lire
	A demi-mot,sans tomber dans les pièges mélodramatiques de l’explicite,Aida Begic témoigne de la vie que mènent aujourd’hui les enfants de Sarajavo, dans une Bosnie dans l’après-guerre perpétuel. Nécessaire.
	Notre avis : Djeca, en serbo-croate veut dire, « les petits », c’est un terme affectueux qui contraste avec l’atmosphère du très beau et sombre film sélectionné à Cannes dans la catégorie Un Certain Regard. Le titre semble choisi pour rappeler que c’est bien d’enfants dont il est question, ce qu’on oublie tant la dureté de la vie à Sarajevo efface toute trace d’insouciance et d’innocence chez Rahima et Nedim. Il ne subsiste en eux quasiment plus aucun écho de l’enfance qu’ils ont passée dans un orphelinat, et dont les images filmées avec de vieux caméscopes rappellent qu’ils ont bien été, un jour, des mômes comme les autres.
	Ils sont frère et sœur, mais souvent le lien entre eux devient celui qui unit une mère et son fils. Ils forment un duo explosif au sein duquel Rahima répare les coups d’éclat de son frère, tente de panser ses blessures d’orphelin maltraité par ses camarades, et de subvenir matériellement à leurs besoins. Le sujet, en creux, est l’amour, qui à première vue est absent du film. On guette un espoir, un geste d’affection, mais Rahima a évacué de sa vie la tendresse, comme elle a ravalé sa rage punk pour prendre le voile et devenir soutien de famille.