On va essayer avec cet autre article de presse qui vient de...me rappelle plus
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"- Ah quelle année, quelle classe! J'en ai connu des crétins, mais ils étaient discrets!"
Quelques décennies plus tard, le premier long métrage de François Truffaut conserve tout son charme et une certaine fraîcheur - malgré un son strident qui gâche un peu l'image magnifiquement restaurée. Indéniablement, il s'agit d'un film qui dépasse la simple chronique d'un gamin turbulent. Car Truffaut, subtilement, distille ce souffle qui bouleversera le cinéma qu'il critiquait vivement. Pas besoin de reconstituer l'époque, car notre nostalgie actuelle omet la souffrance des générations d'alors. Dans ce Paris "prolo" à la Doisneau, entre la Place Clichy et Montmartre, la rue des Martyrs et les grands boulevards, le cinéaste se livre, se libère et délivre un message.
Car le petit Antoine a des excuses (son résumé psychologique en ferait un bon client de divan) et des rêves (le cinéma, les filles, la mer). A ce propos humaniste pardonnant toutes les bêtises (qui donnent une atmosphère légère à ce film dramatique), contraste le cadre sociétal, plutôt étouffant : famille, école, justice... Car si l'on constate la délinquance des actes, on observe que l'autorité, vaniteuse, n'est pas forcément la meilleure réponse. En cela Les 400 coups trouve toujours un écho aujourd'hui. A ceux qui doutent encore des méfaits de la pure répression, voici un arsenal d'arguments. Le maître d'école, le père, la mère, le juge, tous abîment l'enfance et abusent de leur pouvoir.
On ne regrette pas cette époque liberticide. Mais Truffaut, surtout, anticipe avec une prémonition rare, les événements de 68 ("Qu'est ce que sera cette France dans 10 ans?"). En un film, il casse un cinéma trop sage (celui des années 50) et annonce les aspirations d'une génération grandissante (celle des années 60). Le lien est évident et démontre l'envie de changement.Au milieu de ces canailles, à travers tous ces larcins, Truffaut installe aussi son cinéma : deux garçons et une fille se promènent dans un parc et l'on pense à Jules et Jim. Il faut dire que ces 400 coups ne sont que le premier épisode des aventures d'Antoine Doinel, miroir intime de la vie du cinéaste. Doinel est son double. En le filmant enfant, il s'offre sa naissance, ses origines, ses racines de cinéma. Il va voler une machine à écrire (avant de voler des baisers), il va brûler le domicile conjugal, il va fuir l'amour de sa mère