A bout de souffle, c’est un peu les Pieds Nickelés rencontrant Humphrey Bogart, Raymond Queneau travaillant avec Raymond Chandler, le cinéma amateur chrysalide devenant papillon virtuose sous nos yeux ; bref, un capharnaüm qui semble improvisé mais qui en définitive est remarquablement maîtrisé ! Godard frappera certes encore plus fort par la suite (Le Mépris, Pierrot le fou) (pas d'accord ! son meilleur film restera À BOUT DE SOUFFLE) mais son coup d’essai est néanmoins une formidable réussite, un poème moderne, romantique et surréaliste dans lequel on trouve déjà en germe presque tous les éléments constitutifs de ses films suivants (phrases musicales entêtantes, montage heurté, sensualité des visages féminins, accents étrangers, anecdotes humoristiques, clin d’œil caméra, passages obligés dans les rues, bistrots, voitures, chambres d’hôtels, références cinéphiles et culturelles en veux-tu-en-voilà,hommages à ses potes de la Nouvelle Vague...).