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 CINEMA :Les blessures narcissiques d'une vie par procuration
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CINEMA :Les blessures narcissiques d'une vie par procuration

VIP-Blog de tellurikwaves
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  • Créé le : 10/09/2011 19:04
    Modifié : 09/08/2023 17:55

    Garçon (73 ans)
    Origine : 75 Paris
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    ©-DR- LA BAIE DES ANGES de Jacques Demy (1963) p11

    21/10/2014 19:22

    ©-DR- LA BAIE DES ANGES de Jacques Demy (1963) p11


    Analyse
    Le film montre le mécanisme d'une passion, celle du jeu, qui fait approcher de l'absolu au risque d'entraîner la chute.
    *
    Le jeune Fournier est initié par le cynique Caron. Bien que méfiant au début et conscient du risque de sombrer dans le jeu comme on sombre dans la drogue, il finit par céder. La tentation l'emporte ainsi sur la raison, la sienne et celle de son père, horloger maître du temps qui prétend gouverner le hasard. Ce dernier le chasse et Fournier cède à une autre passion, celle du voyage, du hasard, de l'aventure. Il quitte Paris et se rend à Nice, où il plonge sans retenue dans le jeu et où il fait la rencontre de Jackie, dont il tombe amoureux. C'est cet amour qui les sauvera l'un comme l'autre de leur vice.
    *
    Réalisation
    La Baie des Anges est le deuxième film de Jacques Demy, écrit et réalisé en 1962. Cette année-là, il est à Cannes et cherche, avec Mag Bodard, un financement pour Les Parapluies de Cherbourg. Il y découvre l'univers du jeu et, de retour à Paris, il écrit le scénario en quelques jours.Influencé par l'austérité de Robert Bresson, le film est réalisé sur une économie de moyens : sobriété des dialogues, noir et blanc. Le thème du jeu est abordé de manière frontale, loin de l'univers de bonbon acidulé qui sera celui de Demy par la suite. Après le succès de Lola, il est boudé par la critique(?!)Le cinéaste montrera par la suite plus de fantaisie.(Hélas!)
    *
    *
    Figure du roman du XIXe siècle, le joueur passionné a disparu des romans.
    Pourtant, la fièvre du jeu est loin d'être retombée.
     
     
    Le casino à proximité de la plage est le temple des lieux de villégiatures tels la Baie des Anges, Brighton ou Monte Carlo... Remontons le temps. Avec l'arrivée du train au XIXe siècle, les aristocrates et les grands bourgeois vont s'amuser sur la côte. Ils se retrouvent dans les salles de jeu et  regardent le croupier faire tourner la roulette. Ils y misent leurs jetons tout en discutant des affaires parisiennes. Smokings, fume-cigarettes et boas, l'atmosphère est au luxe. Certains s'y adonnent en dilettante, d'autres succombent à la fièvre du jeu.
    *
    Fièvre amoureuse et fougue de la jeunesse
    Le jeu d'argent est perçu comme un fléau et ses adeptes sont, aux yeux de la bonne société, des marginaux. Associé à l'oisiveté, le jeu dilapide des fortunes en quelques heures. Néanmoins, les écrivains se sont emparés de ce thème et ont hissé le personnage du joueur au rang de figure romantique. Le thème du jeu, et de sa folie ravageuse, a offert de belles pages à la littérature.Laissons la parole à Stefan Zweig : « À la seconde où la boule tomba dans le trou avec un bruit sec et mat et où le croupier cria le numéro... à cette seconde les deux mains se séparèrent soudain l'une de l'autre, comme deux animaux frappés à mort d'une même balle. »
    *
    La narratrice de Vingt-quatre heures de la vie d'une femme va tomber éperdument amoureuse de ces mains qui sont celles d'un jeune homme qui ne vit que pour le jeu.Le jeu peut détruire une vie.Il a été associé dans la littérature à la passion amoureuse qui elle aussi possède une énergie destructrice passion et jeu, voilà deux folies qui se vivent sans concession. Par amour, Le Joueur de Dostoïevski est entraîné dans le tourbillon descendant du jeu d'argent. La figure du joueur plaît parce qu'elle est désintéressée.
    *
    Pour le joueur compulsif, le gain n'a aucune importance : « Ce que  j'aime dans le jeu, c'est cette existence idiote faite de luxe et de pauvreté et aussi de mystère » déclare Jacky, la femme fatale campée par Jeanne Moreau dans le film de Jacques Demy, La Baie des Anges. Le joueur est un désaxé, un passionné révolté contre la société qui l'a vu naître. Pétri et contraint par les réalités quotidiennes, on observe de loin, avec un peu d'envie, les joueurs qui sont prêts à mourir pour un jeton.
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    Le jeu est une pathologie
    Mais le jeu n'en demeure pas moins une pathologie. S'il fut associé à l'amour, la folie rôde autour du joueur dans les romans. Chez Pouchkine, le héros de La Dame de Pique en est littéralement possédé. Les cartes le hantent. Et Raphaël de Valentin, héros balzacien, vend finalement son âme au diable après avoir perdu au jeu son dernier pécule1. Toutes ces figures se côtoyaient et nourrissaient les pages de la littérature du XIXe siècle. Où sont-elles aujourd'hui ?Le joueur contemporain n'inspire plus les écrivains. Et pour cause. Il a cessé de lorgner fébrilement la roulette qui ralentit et puis s'arrête.
    *
    Il se contente d'actionner la manette des machines à sous. 80 % des joueurs compulsifs s'acharnent essentiellement sur ces machines électroniques. Elles font pourtant moins rêver. Fini les fumées des salles de casinos et les retentissants « Rien ne va plus ! » des croupiers. Le joueur n'est plus un aristocrate en rébellion contre ses parents. Au contraire, le joueur compulsif type n'est pas une personne aisée, il gagne un revenu minimum et préfère remettre 40 euros dans la machine plutôt que de payer sa facture d'électricité.
    *
    Une figure à réinventer
    Selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies , les joueurs compulsifs sont 600 000 en France. Depuis la légalisation des jeux de hasards en ligne en 2010, leur nombre augmente. Le poker est le grand gagnant. Ces faits inquiètent la Commission européenne, qui a ouvert un Livre vert pour récolter les propositions au sujet d'une législation sur les jeux de hasard et d'argent. Le secteur est en plein essor. Il a rapporté 6 milliards d'euros en 2008 et il pourrait rapporter le double en 2013 Avis aux écrivains, la figure du joueur contemporain, tapi derrière son ordinateur ou sa machine à sous, attend encore ses lettres de noblesse.
     
    1. Honoré de Balzac, La peau de Chagrin, 1831
    *
    Louise Pahun, Nantes France






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