Critiques à la sortie du film
Richard Watts Jr. : « De Miss Dietrich, la seule chose qu'on puisse dire est qu'une fois de plus elle apporte la preuve que son accession rapide au vedettariat n'est due ni à la chance, ni à un concours de circonstances, ni à la publicité. Même si certains doutent encore de ce savoir-faire auxquel tant de critiques attachent un si grand prix, il est incontestable que son indifférence entachée d'ironie, sa nonchalance apparente et, disons-le carrément, son sex-appeal, font d'elle une des grandes figures du cinéma. »
Jean Tulard : « Marlene prostituée, costumée pour un bal masqué, déguisée en servante ou se préparant à la mort, est fascinante de bout en bout, même si cette histoire d'espionnage paraît tout aussi invraisemblable que les exploits de Marthe Richard. »
Homer Dickens : « Le goût et le talent de Sternberg qui parvient à transcender une histoire banale et la transformer en œuvre d'art sont admirables. L'usage qu'il fait des transitions pour raccorder les séquences est une remarquable réussite;il en abuse, malheureusement. Son optique symbolique - lui-même en nie l'existence - est aussi fascinante maintenant qu'elle l'était à l'époque, en dépit de ce qu'elle peut avoir de désordonné et d'artificiel. Dietrich, en paysanne russe, est une réussite. Marlène s'efface derrière un personnage aux joues rondes, un peu épais, qui rit à tout propos. Ce rôle offrait à Marlène une gamme de possibilités beaucoup plus vaste que celles que lui avait proposées jusque là Sternberg. Elle ne créait pas seulement des états d'âme, elle se laissait modeler par eux. Dans ce film, Marlène est un personnage "à facettes". »
Thierry de Navacelle : « Sternberg utilise cette histoire rocambolesque pour nous montrer Dietrich dans des accoutrements toujours surprenants et provocants. (...) C'est une sorte de festival Dietrich, magnifiquement photographié par Sternberg. Il y a de la fin d'une scène au début de la suivante des surimpressions d'une longueur et d'une beauté à couper le souffle. L'histoire est complètement oubliée ; on demeure abasourdi par la performance de Dietrich en ce qui concerne le jeu et de Sternberg pour ce qui est de la mise en scène. »