Naissance et enfance
La mère d'Audrey, la baronne Ella Van Heemstra, fille d'Aarnoud van Heemstra, famille d'aristocrates néerlandais, épouse en premières noces, à l'âge de 19 ans, le chevalier Hendric Gustaaf Adolf Quarles van Ufford, duquel elle divorce en 1925.Deux enfants, Alexander et Ian Quarles van Ufford sont nés de cette union.
Son père, Joseph Victor Anthony Ruston, est un anglo-irlandais, né en Bohême d'un père britannique avec des racines irlandaises donc, mais aussi autrichiennes, écossaises et françaises. Il pensait que sa grand-mère était une descendante de James Hepburn, comte de Bothwell, troisième époux de Marie Stuart, reine d'Écosse.
Joseph Ruston rencontre Ella Van Heemstra alors qu'il travaille comme directeur de la filiale bruxelloise de la Banque d'Angleterre. En 1926, ils se marient à Batavia (actuel Jakarta en Indonésie) et emménagent à Ixelles, connue pour être à l'époque la commune bruxelloise des étudiants, des artistes et des intellectuels. Trois ans après, Audrey y naît et, de nature fragile, survit de justesse à la coqueluche ; elle vit deux ans à Ixelles puis la famille déménage vers Linkebeek, dans la périphérie bruxelloise.
Audrey est une enfant joueuse et imaginative : son père la surnomme d'ailleurs « Monkey Puzzle ». À cinq ans, elle se découvre une passion pour la danse classique. Elle vit alors entre Londres, les Pays-Bas et la Belgique au gré des besoins du métier de son père. Les disputes fréquentes entre ses parents débouchent en 1935 sur leur séparation : son père, sympathisant nazi6 et dont les relations avec la baronne Van Heemstra sont de plus en plus tendues, quitte le domicile familial sans laisser un mot. La fillette est alors envoyée en Angleterre dans un pensionnat où elle reçoit une éducation victorienne très stricte. Elle y reste jusqu'en 1939, quand l'Angleterre déclare la guerre à l'Allemagne. Craignant un bombardement, Ella Van Heemstra fait revenir sa fille aux Pays-Bas où elles s'installent à Arnhem dans le château de Zijpendaal puis dans un appartement.
Avec ses origines anglaise, irlandaise, néerlandaise et belge, elle montre un réel talent pour les langues et parle couramment anglais, néerlandais, français, espagnol et italien. Audrey lit tout Edgar Wallace et tout E. Phillips Oppenheim. Ses livres favoris sont Heidi et Le Jardin secret. À treize ans, elle a déjà une culture littéraire étonnante.
Adolescence et Seconde Guerre mondiale
En 1939, la Guerre éclate et les troupes allemandes envahissent les Pays-Bas. Pour éviter que son nom à consonance anglaise n'attire l’attention des occupants,sa mère lui fait adopter le nom d'Edda van Heemstra,allant jusqu'à modifier ses papiers.En effet,pendant la Guerre,être britannique dans des Pays-Bas occupés par les forces allemandes peut conduire à l'emprison- nement voire à la déportation.
Pendant cette période de guerre, Audrey connaît ses premières années consacrées au spectacle. Si, dès onze ans, on l'avait chargée de porter des messages pour la résistance, elle suit aussi des cours de danse classique. Lors de ces années difficiles, où Arnhem est ravagée pendant l'opération Market Garden, les restrictions et la famine de l'hiver 1944 altèrent sa santé, la faisant souffrir de dépression et de malnutrition. Elle prend cependant part à la résistance contre l'occupant nazi en levant des fonds par des spectacles ou en portant des messages. Pendant le conflit, son oncle et son cousin sont fusillés comme"ennemis du Reich"
De 1939 à 1945, elle prend des cours au conservatoire d'Arnhem, mais la malnutrition et l'anémie dont elle souffre ont des effets néfastes. Diana Maychick, dans la biographie qu'elle consacre à Audrey Hepburn, écrit ainsi : « Elle était squelettique. Son régime comportait de la laitue, si possible une pomme de terre, et un horrible pain à base de pois qui se détériorait au fur et à mesure que le ravitaillement devenait plus problématique. Au besoin, Audrey se rabattait sur l'eau et les bulbes de tulipe. Déjà grande, elle pesait moins de 40 kilos, continuait de maigrir et elle était à bout de forces. […] En fait, la malnutrition força Audrey à interrompre les cours de danse pendant un certain temps. »
— Diana Maychick, Audrey Hepburn, Édition 1, Paris, 1993
Elle en garde une silhouette extrêmement longiligne, qui entraîne à plusieurs reprises des questions sur une possible anorexie de l'actrice. Ce sont plus probablement les privations de la guerre et ses cours de danse intensifs qui lui donnent sa taille de guêpe caractéristique et qui lui permettront de jouer des emplois d'ingénue mutine et des films chorégraphiés.