centre/photo : John Madden
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Franglaise review (fin)
Car John Madden, le réalisateur, parvient à ne pas tomber trop souvent dans la carte postale ahurie (“Ah, les couleurs de l’Inde !”–phrase type du touriste imbécile qui s’est contenté de passer 15 jours au bord de la piscine de l’hôtel). Bien sûr, il filme l’exubérance kitsch inhérente à l’Inde, exubérance qui épaule largement la tonalité générale positive de ce film,mais Madden s’attache surtout à faire ressentir à son spectateur les claques morales auxquelles s’expose le touriste de base, par l’emploi d’un montage efficace sinon génial, et par sa capacité évidente (et nécessaire) à filmer la foule, la cohue, la vitesse, l’incohérence.
Ce sont des dons qu’on ne retrouve pas chez tous les réalisateurs et sa capacité à réussir le dosage du cocktail final le place à des coudées au dessus de bon nombre de ses contemporains. Un petit bonheur de printemps, sans aspirations intellectuelles ou métaphysiques porteuses de messages sentis. Un moment juste bien, juste plaisant, qui produira sur le moral le même effet que de recevoir en cadeau une grosse boite de chocolats et de la partager avec des copains sympas. Ce n’est certes pas un dîner chez Lasserre, mais ça fait très plaisir et ça ne se refuse pas.