Fin du roman fleuve...pfhew!
Lorsqu'un autre gala fut organisé,en décembre, avec la troupe des Ballets de Monte-Carlo les encarts publicitaires rappelaient que la danseuse étoile, Ludmilla Tcherina avait joué dans le film. Un entretien avec l'artiste, nous signale que le film «marche» : «Ludmilla Tcherina veut savoir quel accueil Lyon a réservé au Revenant. Nous la rassurons». Le devis du film était de 32 millions (dont 1,5 million pour Jouvet, et 1.050.000 pour Gaby Morlay Une notule d'une dizaine de lignes accompagne la présentation cannoise, avec toujours les mêmes arguments: «C'est une satire de la bourgeoisie lyonnaise qui, pour féroce qu'elle soit, est d'autant moins convaincante qu'elle est plus grossière»(26/09/46).
La Compagnie Franco-Coloniale Cinématographique obtint 10 millions de prêt du Comité d'Attribution des avances de l'Industrie Cinématographique. Ses 10 millions furent intégralement remboursés le 11 juin 1947, soit moins de huit mois après la sortie ! Cela signifie que le film obtint des bénéfices très rapides. Les sociétés de distribution pour la France (Dorfman/Corona) et pour l'étranger (Régina) ont fait des bénéfices dès les mois de janvier et de février 1947.Le film est resté à l'affiche à Lyon jusqu'à la mi-janvier,soit huitsemaines d'exploitation : deux de plus que Le Voleur de Bagdad, le grand succès de la même salle. Le film marche mieux à Lyon qu'à Bordeaux, Clermont, Dijon ou même Nice(où il passe dans deux salles).
Comparons(voui ,faisons cela) la réaction des journaux lyonnais avec le reste de la presse : les réticences face aux mots de Jeanson sont les mêmes (la susceptibilité en moins). On trouve cinq articles négatifs, contre quatre positifs et deux mitigés. En substance, seule une toute petite minorité de personnes a pu se sentir choquée à la vision du film. L'influence de quelques familles de soyeux se fait sentir dans les comptes rendus de presse. Cette influence économique et politique s'exprime par le non-dit. Les tergiversations des journalistes sont plus dues à une forme d'autocensure qu'à une pression directe.La majorité des lyonnais accueillit le film de Christian-Jaque favorablement, et ses bons résultats prouvent que le «scandale»fut bien petit.La réception réelle d'un film est souvent différente de l'idée qu'on s'en fait.(et un tient vaux mieux...)