Nous avons retrouvé la trace de ce mystérieux gala. Dès le 13 septembre 1946, soit14 jours avant sa présentation à Cannes, on peut lire dans un des grands quotidiens lyonnais,L'Écho du soir, «Le Ier octobre au cinéma Royal, Première mondiale du Revenant au profitdes Plus Grands Invalides de Guerre». Sur trois colonnes, et avec deux grandes photos du film, on rappelle le tournage de février 1946 : «Nous avions vu François Périer et Ludmilla Tcherina remonter le chemin du Rosaire dans une scène pleine de poésie réalisée sur le coteau de Fourvière (...)». Suivent quelques notations sur le pittoresque et la classe du film...par le même «critique» anonyme qui n'en a pas vu une seule image!.
Un encadré précise :«La location est ouverte dès aujourd'hui à la Fédération Nationale des Plus Grands Invalidesde Guerre, 7 place Antonin-Poncet. Elle se fera ensuite au cinéma Royal».La publicité est ici énorme, vu le peu de place dont disposaient les journaux de 1946 : les quotidiens ne comportaient que quatre pages. Placé en deuxième page, sur près de la moitié de cette page et avec deux grandes photos l'article attire les regards.L'enthousiasme se sentait dès le 19 février 1946, quand, dans le même journal, un article expliquait heure par heure les étapes du tournage et interrogeait Christian-Jaque. Ce dernier semblait alors totalement séduit par la ville.
Réciproquement,le bon souvenir du tournage prédisposait les journalistes locaux à soutenir ce gala...avant d'avoir vu le film. L'hebdomadaire Le Tout-Lyon, avait précisé le parcours de l'équipe technique.«Lorsque Christian-Jaque était venu à Lyon tourner les extérieurs du film Un Revenant, il me disait son désir de réaliser, pour une fois, autre chose qu'une histoire vaguement située à Paris ou sur la Côte d'Azur, mais au contraire de peindre dans sa vie réelle une ville de France précise».Presque tous les journaux avaient évoqué le tournage et se devaient de parler du gala... qui eut bien lieu !
Il faut ajouter une nuance à ce que dit Raymond Chirat car l'association initialement prévue refusa de patronner la soirée,mais fut remplacée par une autre. Le 20 septembre 1946, L'Écho du soir , rappelle, en toutpetit à la fin d'un article sur Cannes, que Un Revenant «sera présenté à Lyon, au Royal, le Ier octobre, en première vision publique mondiale». On ne parle plus de gala, et surtout, le nom de l'oeuvre bienfaitrice est totalement occulté.