Aucun critique de 1946 n'a soulevé cette référence gênante, alors que dans les mêmes journaux on lisait les détails des procès des journalistes de "Je suis partout", ou de participants à Radio-Paris tels que Robert LeVigan. Ce qui pose problème, ce n'est pas l'inspirateur du scénario, c'est le fond du film lui-même.
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Le cinéma d'exclusivité qui présente Un Revenant, Le Royal, place Bellecour (aujourd'hui transformé en hôtel), est à une cinquantaine de mètres du quartier d'Ainay, où se situe l'action !Le film,apprécié après coup comme«l'un des rares films français mieux que valables de la décennie qui suivit la fin de la guerre»,grâce à son aspect «noir,méchant, désespéré», fit-il scandale lors de sa sortie lyonnaise ?
Un scandale de gala ?
Les cinéphiles glissent, à propos de ce film, qu'on essaya de le censurer. Il est difficile de trouver une trace écrite de cette idée. Une note dans le catalogue des Restaurations de la Cinémathèque française nous dit : «Le sujet est inspiré d'un fait divers réel de la chronique lyonnaise. On a prétendu que le succès du film fut limité par l'intervention discrète des grands bourgeois concernés». La source de cette supposition peut provenir du seul ouvrage consacré à Christian-Jaque jusqu'au présent recueil, celui de Raymond Chirat : «L'aventure lyonnaise eut sa conclusion lors de la première du film.
Une association de bienfaisance voulut patronner la sortie de Un Revenant. A la veille de la représentation de gala, le président de l'association eut la curiosité de voir le spectacle. En excellent lyonnais, il demeura impassible, voire de glace, mais le déroulement de l'histoire lui avait rappelé certain fait-divers plus ancien et tellement plus horrible. Il reconnut aimablement avoir pris grand plaisir à ce qu'on ressuscitait, mais opposa son veto le plus formel ; la soirée mondaine n'eut jamais lieu».