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 CINEMA :Les blessures narcissiques d'une vie par procuration
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CINEMA :Les blessures narcissiques d'une vie par procuration

VIP-Blog de tellurikwaves
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  • Créé le : 10/09/2011 19:04
    Modifié : 09/08/2023 17:55

    Garçon (73 ans)
    Origine : 75 Paris
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    ©-DR-RISO AMARO de G.de Santis (1949) p26

    03/05/2014 11:29

    ©-DR-RISO AMARO de G.de Santis (1949) p26


    La critique d'Olivier Bitoun
    ...Giuseppe De Santis prend pour cadre les mondines, faisant de « Riz Amer » un document précieux sur le quotidien de ces ouvrières agricoles s'épuisant à la tâche dans les rizières de la plaine du Pô. Depuis un demi millénaire, ce sont des femmes venues de toute l'Italie qui viennent cultiver le riz sur les berges du fleuve. Le petit salaire qu'elles ramènent (40.000 lires et 40 kilos de riz) leur permet d'aider leurs familles voire d'économiser une dot pour un possible mariage. C'est que ces femmes, nous dit De Santis, vivent dans des rêves formatés par les romans à l'eau de rose, les chansons romantiques et les mélodrames hollywoodiens.

    C'est ainsi qu'il décrit Silvana, femme inconsciente qui s'invente tellement de possibles que sa perception de la réalité s'en trouve faussée. Elle déclenche une histoire policière à cause de ses fantasmes, transformant de ce fait un récit social en suspens criminel. De Santis n'a que peu d'égards pour Silvana, lui reprochant ses illusions qui l'empêchent de combattre au côté des autres pour une vie plus digne. Il montre aussi comment elle se délecte de son statut d'héroïne auprès des autres filles, de son anatomie généreuse qu'elle met constamment ?(,...en avant?)s'imaginant en starlette (le cinéaste jouant ici habilement avec les propres sentiments de son actrice).

    On sent De Santis bien plus à l'aise dans la description de la vie des mondines que dans le registre romantique ou policier. Lorsqu'il évoque le sort des ouvrières clandestines forcées de travailler deux fois plus que les officielles, lorsqu'il dépeint le sort déjà terrible de ces dernières, on sent la violence du cinéaste, son dégoût du système, l'espoir d'une révolte qu'il appelle de tous ses vœux. Le film est par moments lyrique, porté par d'amples mouvements de caméra sur les travailleuses, par la façon dont elle s'élève au- dessus d'elles et glorifie leur gestes et leurs chants.

    De Santis sous expose son film afin de faire ressortir le grain de la pellicule, manière pour lui de s'écarter des canons habituels du cinéma populaire, trop lisse et clinquant à ses yeux. Il utilise de vraies mondines comme actrices et figurantes, tournant nombre de scènes du film après leurs journées de travail. Tous ces éléments conjugués donnent sa force à« Riz Amer ». Mais il y a aussi une certaine forme d'ironie à l'œuvre, lorsque par exemple De Santis ouvre son film sur une séquence dans la plus belle veine néo-réaliste, une voix off évoquant lyriquement le sort des mondines : cette ouverture est un faux-semblant, le discours emporté étant le fait d'un journaliste signant un papier pour la télévision.

    Cette ironie, on la retrouve ailleurs dans le film, même si elle est parfois moins évidente. Lorsqu'il s'agit pour De Santis de raconter une histoire d'amour ou de mettre en scène son récit de voleurs et de policiers, le film paraît bien figé et conventionnel. De Santis entend certainement se moquer des fumati et autres formes populaires de divertissement qui appuient artificiellement sur les sentiments et la violence. Mais sa position demeure ambigüe. Très critique envers les divertissements de masses qui sont pour lui une manière de tenir le peuple, il utilise pourtant, et de brillante manière, l'érotisme et la sensualité de ses personnages féminins, s'amusant dès le début à établir un rapport entre ces femmes qui malaxent la terre, leurs corps, et les collines bordant le Pô.

    Silvana Mangano, dix-neuf ans au moment du tournage, Miss Rome 1946, fera d'ailleurs tourner les têtes et deviendra l'une des grandes figures érotiques du cinéma d'après guerre. On sent que malgré le discours politique, De Santis reste attaché à une forme de cinéma popularisé par l'industrie hollywoodienne. C'est dans cet entre-deux que navigue « Riz Amer » et ce sont les courants contraires qui innervent le film qui le rendent aujourd'hui encore profondément attachant.
     
    Olivier Bitoun





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