Chez Antonioni, dès sa première grande œuvre Chronique d'un amour, l'enquête au lieu de procéder par flash-back, transforme les actions en descriptions optiques et sonores, tandis que le récit lui-même se transforme en actions désarticulées dans le temps (l'épisode de la bonne qui raconte en refaisant ses gestes passés ou bien la scène célèbre des ascenseurs)
Et l'art d'Antonioni ne cessera de se développer dans deux directions, une étonnante exploitation des temps morts de la banalité quotidienne ; puis à partir de L'éclipse un traitement des situations limites qui les pousse jusqu'à des paysages déshumanisés, des espaces vidés dont on dirait qu'ils ont absorbé les personnages et les actions, pour n'en garder qu'une description géophysique, un inventaire abstrait.
Chez Fellini, ce n'est pas seulement le spectacle qui tend à déborder le réel, c'est le quotidien qui ne cesse de s'organiser en spectacle ambulant, et les enchaînements sensori-moteurs qui font place à une succession de variétés. On a souligné le rôle de l'enfant dans le néoréalisme, c'est dans le monde adulte, que l'enfant est affecté d'une certaine impuissance motrice, mais qui le rend d'autant plus apte à voir et à entendre. En 1961, les tenants du néoréalisme semblent en perte de vitesse. Viva l'Italia de Rossellini ne convainc pas,pas plus qu'en 1962 Les séquestrés d'Altona de De Sica .
La réalité nouvelle liée à l'essor économique et à la naissance d'une société du spectacle et de la consommation, appelle d'autres témoignages, qui tendent à privilégier, au détriment des problématiques socio-politiques engagées, des considérations plus étroitement existentielles sur "l'aliénation". Les marxistes continueront pourtant de voir dans Elio Pétri et surtout son élève Francesco Rosi avec Main basse sur la ville et Salvatore Giuliano puis Olmi les continuateurs du néoréalisme alors que les spiritualistes fairont de Pasolini leur champion, clui-ci admettant seulement être d'une deuxième vague du néo-réalisme, très différente de la première dans ses moyens.
Courant esthétisant :
La mise en scène peut révéler la transcendance des êtres. Le néoréalisme c'est avant tout prendre l'homme quotidien et contemporain pour objet de préoccupation. Sur la question de l'origine Hovald va au-delà de l'époque mussolinienne. Il y a une tradition néo-réaliste en Italie, une tradition littéraire : le vérisme de Giovanni Verga (1840-1922). On avait trop minoré l'influence extra cinématographique, le théâtre et l'opéra donnent la place au peuple
Précurseurs aux/des italiens les Russes, Vertov et son ciné-oeil,
le réalisme français (Carné, Renoir, Duvivier).
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Précurseurs
Toni (1935) de Renoir, Les hommes du dimanche (Siodmak)
Ossessione (1942) Visconti et Les enfants nous regardent (1942) De Sica.
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Bibliographie
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Gilles Deleuze : L'image-temps (Chapitre 1 : au-delà de l'image-mouvement), 1985
André Bazin : Qu'est-ce que le cinéma ? (ensemble des articles sur le néo-réalisme réunis sous le titre "Une esthétique de la réalité" dont celui de 1957 et celui où il
nomme l'image fait, p. 128) , édition Cerf 7ème art, 1962, régulièrement réédité
Carlo Lizzani : Le cinéma italien, 1955.
Raymond Borde : Le néo-réalisme italien, une expérience de cinéma social,
éditions la Cinémathèque suisse, 1960
René Prédal : Le néo-réalisme italien, CinémAction n°70, 1993
Gaston Haustrate : Les grandes écoles esthétiques, CinémAction n°55, avril 1990
Patrice Hovald : Le néo-réalisme italien et ses créateurs, Cerf 7ème art, 1959
(s'inscrit dans la politique des auteurs qui prédomine en France ;
un chapitre par cinéaste.