DVD CLASSIK (6)
Le cinéaste aura d’ailleurs toujours cette particularité, pour ses autres films noirs, de chercher à décrire un phénomène social réaliste et précis et de tourner le plus possible en décors naturels. En l’occurrence ici, il utilise à merveille les décors new-yorkais, qui sont en fait… des rues de Los Angeles !!!Le métro,les quais,les ponts,sans oublier les décors créés de toute pièces par Lyle Wheeler, comme celui fabuleux de la cabane de Skip, forment une géographie de la ville à la fois très poétique et très réaliste.
La mise en scène de son film est en partie faite à l’instinct comme il le dit si bien dans son entretien lors de l’émission "Cinémas, cinéma" : alors que pendant dix minutes, il va passer d’une scène à l’autre à l’aide de fondus enchaînés, sans prévenir, la séquence suivante sera amenée par un "cut" brutal à l’aide duquel Fuller a senti pouvoir amener une certaine déstabilisation chez le spectateur.
On a parfois l’impression d’un film tourné dans l’urgence, "à l’arraché", comme pouvait déjà l’être deux ans auparavant le formidable The Enforcer(La Femme à abattre) de Raoul Walsh : des films, comme les fameux "Pulp Fiction,parcourus d’un frémissement électrique qui vous prennent aux tripes, parfois vulgaires, d’une violence, d’une brutalité et d’une crudité exceptionnelles, mais aussi parfois formidablement émouvants comme, dans Pickup.Ce long et poignant plan séquence de la mort de Thelma Ritter (fabuleuse actrice qui, soit dit en passant, fut nommée pour l'Oscar du second rôle, gagné de justesse par Donna Reed pour son interprétation dans Tant qu’il y aura des hommes de Fred Zinnemann).