DVD CLASSIK (5)
Tout ceci est aujourd’hui très anecdotique mais sociologiquement assez intéressant. Il est toutefois plus captivant de s’intéresser à la description de ces marginaux, de ces truands de faible envergure, une bande de paumés d’une intensité incroyable que Fuller dépeint avec humanité et compréhension car ce monde, il le connaissait très bien.Quand il était journaliste, il avait côtoyé ce milieu de la pègre et, au moment de tourner son film, savait parfaitement de quoi et de qui il parlait.
Mettre en scène un polar sur ces "marginaux" ne fut pas si aisé car les héros semblaient si peu présentables pour la bienséance qu’il fallut l’appui de Zanuck pour que le film se fasse.Le producteur, malgré ses premières réticences"Quoi, vous n’allez pas donner la vedette à ces minable?" soutint jusqu’au bout Samuel Fuller qui put réaliser ainsi son sixième long métrage comme il l’entendait. D’ailleurs, Guérif le rappelle dans son entretien, Zanuck était adoré de pratiquement toute son "écurie" de cinéastes, les ayant toujours soutenu contre vents et marées.
Pour Samuel Fuller, ce fut une période bénie de sa carrière que celle très heureuse qu’il eut à la 20th Century Fox sous la direction du célèbre producteur ; pour cette raison entre bien d’autres, Pickup on South Street est resté jusqu’à la fin l’un de ses films préférés.En 1967, Robert D. Webb tournait un obscur remake se déroulant en Afrique du Sud, intitulé The Cape Town Affair, avec James Brolin, Jacqueline Bisset et Claire Trevor.
Gageons que ce dernier n’arrive pas ne serait-ce qu’à la cheville de l’original mais dans le doute… Pickup on South Street, lui, demeure encore aujourd’hui une oeuvre fabuleuse où la qualité de la mise en scène et l’étude des personnages l’emportent sur les stéréotypes du film de propagande.Fuller, dont l’influence primordiale pour Pickup était Rome ville ouverte, essaie de tourner un maximum dans la rue dans un souci documentaire et de réalisme social.