Herbert Lom : Kristo et Stanilaus Zbyszko : Gregorius
Deux acteurs épatants qui -selon moi-apportent également un plus au film.
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DVD CLASSIK Analyse (suite)
Acteur qui aura bien d’autres occasions de prouver son immense talent (citons surtout Le Carrefour de la mort de Henry Hathaway, Pick up on south street (Le Port de la drogue!!??) de Samuel Fuller ou La Dernière caravane de Delmer Daves) mais qui est ici au sommet de son art.Nous avons quitté Harry, quelques lignes plus haut, s’engouffrant dans l’entrée d’un immeuble. Il pénètre donc dans l’appartement, se rend compte qu’il n’y a personne, se dirige vers un sac à main, le prend, hésite et va pour finalement y subtiliser quelques billets mais il n’en a pas le temps puisque Mary est derrière lui. Mary est, au contraire d’Harry, un personnage doux et raisonnable qui rêve que ressurgisse du passé cette ‘fraction de temps’ idyllique qui est resté gravée sur une photo qui trône sur un buffet, celle de deux tourtereaux dans une barque,visiblement amoureux et heureux.
C’est l’harmonie et le calme que recherche Mary. Quelle plus belle preuve d’amour pourrait-elle offrir à Harry que sa patience et sa tolérance envers lui ! Aucun romantisme là dedans : son rêve est aussi simple que de pouvoir se retirer à la campagne et de vivre sereinement. C’est la dernière chance d’Harry mais il ne s’en rend pas compte, déjà absorbé dans la spirale infernale du mouvement constant.Mary est la première à se rendre compte qu’il est déjà trop tard et sa lassitude se fait sentir dans sa manière de marcher, de s’asseoir et d’attendre son homme toujours parti par monts et par vaux, sans conviction qu’il puisse se poser un jour.Elle essaie alors de trouver réconfort (platonique) et refuge chez son voisin du dessus, modeste artiste (Hugh Marlowe) qui donne d’Harry la définition suivante : "An Artist Without an Art."
Mary, c’est Gene Tierney dans un rôle plus restreint qu’on aurait souhaité mais d’une importance primordiale et surtout très reposant pour le spectateur qui peut, lorsqu’elle est à l’écran, reprendre son souffle et sortir la tête hors de l’eau trouble qui l’entoure et le submerge.On se dirige désormais vers le lieu glauque dans lequel nos deux amants travaillent : le Silver Fox. Ici, Helen Nooseroos donne les dernières consignes à ses ‘girls’ avant l’ouverture du cabaret, soutirer aux clients le plus de liquidité possible, les laisser rentrer chez eux une fois seulement les poches vides.Elle a l’air très à son aise, bien d’aplomb lorsqu’il s’agit de donner des ordres. Mais gérer le Silver Fox avec son époux ne lui suffit plus.
Femme frustrée et cupide, elle n’a qu’une idée en tête, se faire la malle et aller ouvrir son propre établissement.Pour cela, elle est prête à tout et, à force de persuasion, de séduction et de chantage, pense se servir de Harry Fabian pour atteindre son but. Mais il ne faut surtout pas s’accrocher à ce mort en sursis !Phil, son mari obèse, aime toujours sa femme et sa jalousie est maladive ; c’est d’ailleurs cette jalousie qui déclenchera le piège fatal qui le mènera aussi à sa perte. Effectivement, il se révèlera finalement plus faible qu’on aurait pu croire .Le retour au foyer d’Helen après qu’elle se soit rendue compte qu'elle s'est fait rouler dans la farine par Harry Fabian est peut-être la séquence la plus noire, désespérée et ironique du film mais que je ne me permettrais pas de vous dévoiler ici.(Super!... merci)Seul Orson Welles arrivera à atteindre un tel niveau de noirceur dans un film qui doit beaucoup à celui de Dassin par son baroquisme nihiliste, La Soif du mal.