Il s’agit donc du portrait d’un ronin, Ihei Misawa, un samouraï sans maître qui arpente le Japon du début du 18ème siècle, accompagné docilement par sa femme Tayo. Foncièrement un homme de bien, Misawa est cependant handicapé par une chose, sa parfaite maîtrise du sabre.Celle-ci lui vaut beaucoup de jalousie de la part des autres guerriers, un amour-propre japonais étant très difficile à guérir. Pourtant lui ne demande qu’une chose, trouver un emploi qui lui corresponde et vivre paisiblement avec son épouse.Cet épisode de la vie d’un ronin pourrait à lui seul le résumer. Ayant successivement perdu plusieurs emplois semblables et de la même façon, Misawa se voit contraint de participer à des duels primés pour subvenir à ses besoins ainsi qu’à ceux de son entourage, car Misawa aime faire le bien autour de lui.
Les locataires de l’auberge Matsuda le considèrent d’ailleurs comme un grand Seigneur, d’une part parce qu’il améliore leur quotidien du mieux qu’il peut, d’autre part parce qu’il s’efforce d’avoir toujours le sourire.Misawa sourie à la vie et aime prendre des risques. Le récit de son apprentissage qu’il fait au seigneur Shigeaki illustre parfaitement cet homme qui dans sa prime jeunesse, ignorant de tout, jouait sur les apparences et la bonne humeur de son prochain afin d’obtenir ce qu’il désirait.On peut remarquer que maintenant qu’il n’a plus grand chose à apprendre, il dispense à son tour la générosité plus que de raison.Comme dans tout film de sabres qui se respecte, les décors naturels sont somptueux et les costumes (créés par la fille de Kurosawa) sont magnifiques. La musique de Masaru Sato, fidèle du maître, n’est pas en reste et offre au spectateur de merveilleux instants de plénitude.
Ce qu’on pourrait reprocher au film de Koizumi, c’est de trop faire pencher son récit du côté de la comédie et de négliger ainsi le côté dramatique. Le film, relativement court (à peine 1h30), aurait pu bénéficier de vingt bonnes minutes supplémentaires pour insister sur le désarroi de Misawa,notamment vis à vis de sa femme tellement effacée du début à la fin qu’on en vient à se demander pourquoi elle ne se mêle jamais aux réjouissances des locataires de l’auberge Matsuda.Simple pudibonderie ou hostilité envers son époux de la contraindre à une vie itinérante de par son manque de maturité ? Autant de questions qui demeureront sans réponses. Reste un très beau film de sabres à la poésie enivrante mais au scénario imparfait
Les points forts : Le grand respect marqué envers le défunt Akira Kurosawa. La beauté omniprésente, aussi bien visuelle qu’auditive. Un héros attachant.Les points faibles : Un potentiel dramatique trop souvent inexploité. Des seconds rôles pas assez développés.Ma note : 8/10