La critique (par Reznick)
Revoir A LA POURSUITE D'OCTOBRE ROUGE permet de constater à quel point les films de John McTiernan résistent aux outrages du temps. Fort d'un scénario volontairement anachronique à l'idéologie présente mais atténuée, d'une interprétation de 1er choix et d'une réalisation servant avec sobriété la pointe des départements artistiques hollywoodien (à quelques plans composites près), le film ne vieillit pas.
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Impossible tout d'abord de ne pas évoquer le choix de Sean Connery pour incarner le capitaine Ramius, légende vivante de la flotte soviétique et leader respecté de son équipage.Qui d'autre que lui aurait pu imprimer une telle aura au personnage ? Personne, car c'est autant Ramius que Sir Sean que l'on regarde braver les 2 puissances du monde dans sa boîte a sardine.
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Tant et si bien que sa seule présence dans le cadre suffit à étouffer complètement le reste du cast', en particulier le brave Baldwin qui ne deviendra pas la star que le rôle de Jack Ryan aurait du faire de lui.(moi qui n'aime pas trop cet acteur,je trouve qu'il est plutôt bon dans ce rôle...sans doute son meilleur parmi les films que j'ai vu avec lui...Bon c'est sûr que je préfère Harrison Ford mais il est quand même meilleur que Ben Affleck)
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Pire, les scènes où il n'apparaît pas (l'enquête de Ryan) nous paraissent plus intéressantes et c'est avec délectation que l'on retourne dans l'Octobre Rouge pour un dernier acte entièrement sous-marin de haute volée.Discrète, la mise en scène de McTiernan est entièrement au service des situations et se borne à offrir un confort et une compréhension visuelle de tous les instants. De même qu'on ne relève pas l'utilisation chromatique subtile de l'éclairage des 3 bâtiments qui se font la chasse (chacun ayant un code couleur immédiatement mais inconsciemment reconnaissable) on gobe sans moufter le passage du russe à l'anglais, organisé par un délicat zoom/dézoom en début de métrage.Fortiche.
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Le seul vrai défaut du film tient dans le travail de simplification qui a été nécessaire pour qu'on puisse porter le livre de Clancy à l'écran. Fort d'un arrière-plan géopolitique assez riche et parfaitement compréhensible, le scénario a ce tort de nous révéler un peu trop tôt des éléments qui auraient pu intensifier l'ambiguïté et le suspens de nombreuses situations.