Analyse filmique par Sandra Walger (suite 14)
Bergman utilise parfaitement les formes plastiques et il s’en sert pour créer une ambiguïté sur la vraisemblance du monde qu’il nous donne à voir. L’utilisation du noir et blanc en est un exemple.D’abord, les premiers plans sont comme coupés en deux diagonalement entre la falaise et la mer ; effet inverse dans la troisième partie où les valeurs s’alternent.Les premiers plans sont également d’une échelle très grande ; échelle qu’on ne retrouve que dans la troisième partie.
La façon dont la première et la troisième partie se répondent donne un rôle de miroir à la seconde. Et le plan significatif serait alors le plan transversal des deux joueurs entamant leur partie d’échec (plan 35) : plan où les deux personnages se reflètent.L’agencement des plans, enfin, fait un parallèle entre les différentes parties de l’extrait : les deux premiers plans sont enchaînés, le passage à la seconde partie est un fondu enchaîné de l’échiquier et des vagues en surimpression suivi d’un cut et d’une ouverture sur la mort
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A l’intérieur de cette seconde partie, le passage au noir du plan 27 crée un effet de miroir avec les autres agencements de l’extrait. En effet, on retrouve un fondu enchaîné au plan transversal des deux joueurs avec un ciel ensoleillé.Enfin,la troisième partie contient deux fondus au blanc.Bergman orchestre une troisième partie à l’image d’une paix retrouvée,d’un monde transformé.Ces fondus enchaînés jouent un rôle capital:le premier annonce l’arrivée de la mort,le deuxième annonce son arrivée physique,et le troisième annonce une nouvelle ère:l’arrivée du soleil,de la musique douce,l’inversion des contrastes et le réveil soulignés par des fondus au blanc.