En août 1958, dans les studios suédois de Råsunda, Ingmar Bergman tourne son vingtième film, Le Visage (Ansiktet, 1958) dans lequel il explore à nouveau le monde de la représentation. En dépit du talent qui lui est désormais reconnu, les films suivants, La Source (Jungfrukällan, 1960) et L'Œil du diable (Djävulens öga, 1960) sont peu appréciés par la critique. Il faut attendre À travers le miroir (Såsom i en spegel, 1961), pour que le cinéaste regagne ses lauriers.
Le film a des résonances métaphysiques, cherchant l'existence de Dieu par le truchement de la folie de son personnage principal, Karin, interprété par Harriet Andersson. Il est aussi initialement annoncé par Ingmar Bergman comme le premier opus d'un triptyque de « films de chambre », complété par ses deux films suivants : Les Communiants (Nattvardsgästerna, 1962) et Le Silence (Tystnaden, 1963).
Mais le cinéaste revient plus tard sur cette intention de constituer une trilogie. À travers le miroir marque selon lui la fin d'un cycle et Les Communiants, une rupture. Ce dernier film, très inspiré de la figure de son père, règle ses comptes avec Dieu au travers d’un pasteur qui perd la foi ; l’existence de Dieu se trouve brusquement ébranlée et le monde apparaît aux yeux du personnage dans toute sa crudité.
Le Silence ne contient aucune thématique religieuse, contrairement aux deux précédents films. Il traite de la relation trouble qu’entretiennent deux sœurs sur fond d’état de siège dans un pays inconnu. Si, par ailleurs, le film choque une partie de l’opinion à cause de scènes explicites, il reçoit les éloges de la critique et fait figure de chef-d’œuvre.