Durant l’été 1950, l’industrie cinématographique suédoise s'est mise en grève dans le but d’obtenir de meilleures conditions de travail. Le mouvement s’éternise. Ingmar Bergman traverse alors de graves difficultés financières et doit solliciter un important prêt à la Svensk Filmindustri qui le lui consent en échange d’une exclusivité sur plusieurs scénarios et des honoraires à la baisse.Il accepte de réaliser des films publicitaires pour des savons et une œuvre de commande, Une telle chose ne se produirait pas ici. Ce n’est qu’au printemps 1951 que la grève cesse. Le réalisateur enchaîne alors deux tournages, celui de L'Attente des femmes (Kvinnors väntan, 1952) qui comprend des extérieurs à Paris, et celui d'Un été avec Monika (Sommaren med Monika, 1953) qui se déroule dans l’archipel de Stockholm.
Le premier rôle de ce dernier film est confié à Harriet Andersson, une jeune danseuse de revue. Le tournage se prolonge à cause d’ennuis techniques et Ingmar Bergman tombe sous le charme de l’actrice. La liaison ne dure pas, mais suffit à briser son ménage. Il doit quitter le foyer familial et se retrouve célibataire.Pour le théâtre, Ingmar Bergman est nommé directeur artistique du Théâtre municipal de Malmö en 1952. Il exécute plusieurs mises en scène, certaines puisant dans le répertoire classique (Peer Gynt, Le Misanthrope), des opérettes (La Veuve joyeuse) ainsi que deux de ses propres pièces : Peinture sur bois et Meurtre à Bajärna.
Il poursuit aussi ses adaptations radiophoniques avec des pièces de Strindberg et les Noces de sang de Federico García Lorca (1952). Le travail théâtral de l’auteur se double d’une intense activité cinématographique.Il sort successivement La Nuit des forains (Gycklarnas afton, 1953), Une leçon d'amour (En Lektion i kärlek, 1954) et Rêve de femmes (Kvinnodröm). À l’automne 1955, après le tournage de Sourires d'une nuit d'été (Sommarnattens leende, 1955), victime du surmenage et d’un ulcère qu’il traîne déjà depuis de nombreuses années, il est hospitalisé.