C’est au sein des proches de la famille qu’il s’épanouit. Il passe le meilleur de son enfance chez sa grand-mère à Uppsala qui l'emmène au cinéma. Ingmar Bergman se découvre pour cet art une passion précoce. Lors d'un Noël,une riche parente fait cadeau aux enfants d'un cinématographe.L'appareil est doté de lentilles et d'un système de projection. La bobine se tourne à la main et permet de voir un petit film en boucle.
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Ce cinématographe agit comme la madeleine de Proust pour le futur réalisateur–il baptisera plus tard sa société de production Cinemtograph À 12 ans, son père obtient qu'il puisse visiter les studios cinématographiques suédois de Rasunda, en banlieue de Stockholm. C'est, pour lui, comme « entrer au paradis ».
Quant au théâtre, dans lequel il fait aussi carrière, il s'y rend régulièrement depuis tout jeune. Ingmar Bergman a l’occasion de l’observer en coulisse grâce à un musicien qui joue derrière la scène pour une mise en scène du Songe d’August Strindberg, un de ses auteurs préférés8, et qu’il mettra lui-même en scène à plusieurs reprises. Ses lectures l’emmènent aussi vers Dostoïevski, Balzac, Flaubert, Nietzsche…
Dans le cadre d’un programme d’échange,il part pour l’Allemagne,dans la région de Thuringe, en 1934. Le pays est alors plongé dans la tourmente nazie. Sa famille d’accueil l'emmène assister à une prestation d'Adolf Hitler dans un stade sportif à Weimar. Il se retrouve fasciné par le discours du Führer. De retour en Suède, le milieu dans lequel il vit, essentiellement germanophile, est de la même façon imprégné par l’idéologie nazie.
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Son frère est un des fondateurs et membre actif du parti national-socialiste suédois. Le traumatisme de la découverte des camps d'extermination par la suite le conduira à prendre ses distances avec la politique. De fait, Ingmar Bergman n'est pas un auteur engagé et son œuvre est dénuée de message politique.