Analyse du film (2)
L'art poétique de Bergman
La première strate est celle du processus créateur. Avec cette oeuvre miroir, Bergman avoue avoir fait acte de survie :
"J'ai dit un jour que Persona m'avait sauvé. Ce n'était pas une exagération. Si je n'avais pas trouvé la force de faire ce film là, j'aurai sans doute été un homme fini... Pour tenter de trouver l'inspiration, j'ai joué au petit garçon qui est mort, mais malheureusement il ne peut pas être tout à fait mort, car il est tout le temps réveillé par des coups de téléphone. Le début est un poème sur la situation qui a donné naissance à ce film. J'ai donc dégagé les éléments essentiels. Il y a un liseré blanc tout autour. Les personnages n'occupent pas tout l'écran, ils sont inscrits dans la blancheur."
Outre cette séquence initiale du poème, deux séquences réintroduisent l'idée du film dans le film. La consomption, le tremblement et le déchirement de la pellicule qui provoquent un effet de distanciation. Cet effet rappelle au spectateur que le sens du spectacle qu'il voit est différent de celui dont sont victimes les personnages.A la fin du film, le double coup de sirène suivi d'un plan de caméra sur un plateau de cinéma ont la même fonction. L'enjeu du processus créateur ne peut toutefois être compris qu'une fois mis en parallèle avec les deux autres strates du film.