Commentaire par Olivier Bitoun (fin)
Elisabet se mure dans le silence tandis qu’Alma ne cesse de parler, de se livrer. On retrouve comme dans Les Communiants un réceptacle vide, mutique, qui reçoit un flot ininterrompu de paroles. Les deux personnages se vampirisent, fusionnent, Elisabet allant jusqu’à boire le sang d’Alma.Un visage et une voix qui viennent de deux êtres distincts essayent de ne faire plus qu’un. Deux êtres qui essayent de se soigner et de se sauver en s’écoulant l’un dans l’autre. Une fusion ou un transfert, on ne sait trop. Un regard lancé par Elisabet à Alma semble provoquer un échange de personnalité.
Elisabet voit alors, depuis Alma, son propre corps qui lui était devenu étranger. Alma n’était-il que le produit de son esprit en tourment ? Peu importe car ce qui compte c’est la capacité insurpassable de Bergman à embrasser plusieurs thèmes et plusieurs mouvements, à les enchevêtrer étroitement, à tisser une toile fascinante où le spectateur se perd et se noie.Persona est un film inépuisable, à la perfection formelle éblouissante. Un de ces chefs-d’œuvre qui font avancer le cinéma, lui ouvre de nouveaux horizons.
Ingmar Bergman :
"Je sens aujourd’hui que dans Persona je suis arrivé aussi loin que je peux aller.
Et que j’ai touché là,en toute liberté, à des secrets sans mots que seul le cinéma peut découvrir".
Remerciements à Olivier Bitoun pour l' intelligence de son analyse