Commentaire par Olivier Bitoun (suite 15)
Bergman convoque Jung de manière affichée, la persona représentant dans ses théories le masque social. En donnant comme titre à son film ce terme évocateur de la pensée du psychanalyste, Bergman joue sur le même niveau de représentation qu’en affichant les artifices du cinéma. Il lui semble inutile de cacher artificiellement ces influences et préfère, d’entrée de jeu, les mettre en exergue de son film. C’est peut-être une manière pour le cinéaste de couper l’herbe sous le pied du critique qui voudrait faire une lecture psychanalytique de son film, manière également de donner des clés de compréhension à chaque spectateur un tant soit peu curieux. Ici pas de métaphore, de clin d’œil adressé à un public averti.
Pour essayer d’être aussi honnête que Bergman, et pour éviter au lecteur une recherche dans Wikipedia, reprenons telle quelle la définition de la persona qui y est proposée : « la part de la personnalité qui organise le rapport de l'individu à la société, la façon dont chacun doit plus ou moins se couler dans un personnage socialement prédéfini afin de tenir son rôle social (…) Le moi peut facilement s'identifier à la persona conduisant l'individu à se prendre pour celui qu'il est aux yeux des autres et à ne plus savoir qui il est réellement ». On voit que Bergman illustre au pied de la lettre, et non sans humour, les théories de Carl Jung.
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Le titre du film renvoie également aux masques que portaient les acteurs de la Rome antique. Ceux-ci personnifiaient le rôle et permettaient à l’acteur de faire porter sa voix haut dans les gradins. Dans le film, Elisabet Vogler en perdant son masque, perd également sa voix.