Commentaire par Olivier Bitoun (suite 14)
Elisabet désirerait ne plus vivre que par son corps.Ce corps qu’Alma décrit détail après détail : « ton visage est bouffi, ta bouche vilaine, une ride barre ton front, tu as une cicatrice au cou ».(Sympa !)Ce corps physique qui est le seul lien tangible au monde.Persona nous parle de l’attrait pour l’autre,du désir de s’en rapprocher de s’enfouir en lui. L’enfant caresse le visage de sa mère projeté sur un écran géant, deux visages se confondent et ne font plus qu’un.Bergman nous parle de l’irrépressible besoin, du désir ardent, de ne faire qu’un avec l’être aimé et de l’impossibilité de cette fusion. Lorsque les deux visages se complètent, lorsque Bergman semble nous montrer la possibilité du rapprochement des êtres, le visage recréé est asynchrone, il ne "fonctionne"pas, il nous met mal à l’aise.
Être au monde, être par rapport à l’autre, voilà les courants souterrains de l’œuvre de Bergman. Voilà des questions essentielles que le cinéma s’est si peu approprié alors qu’il a les plus beaux outils pour les exprimer. (ça c'est ce que j'appelle de la critique )