Commentaire par Olivier Bitoun (suite 13)
Bergman, lorsqu’il filme la rencontre entre la doctoresse et sa patiente, filme longtemps le seul visage d’Elisabet, donnant l’impression que la voix de la praticienne est un produit de l’esprit de l’actrice. Elle pourrait être une voix intérieure, elle est du moins le déclencheur de l’histoire entre Elisabet et Alma en envoyant les deux femmes à Fårö.
Comme dans A travers le miroir (et plus tard L’Heure du loup, Une Passion), les personnages du film vont se trouver circonscrits aux limites de cette île de la Baltique, territoire mental où la raison s’échappe, où la folie peut à tout instant contaminer chaque chose.Un espace à la réalité mouvante qui épouse les circonvolutions des rêves et des fantasmes. Un monde cerveau,comme on dit à propos des oeuvres de Kubrick. Un monde replié sur lui-même, cerné par la mer, une émanation de la psyché d’Elisabet Vogler et des barrières qu’elle s’est construites.