Commentaire par Olivier Bitoun (suite 11)
Pour combler le silence d’Elisabet Vogler,Alma parle, rit,déroule sa vie, puis ses angoisses,ses fantasmes Le flot ininterrompu des mots vient bientôt submerger les quelques réticences d’Alma à se livrer complètement.Elle est emportée par ce déluge de paroles et livre ses expériences les plus intimes à cette figure silencieuse et attentive qui lui fait face. Elisabet Vogler n’en peut plus de porter des masques, que ce soit ceux de ses rôles ou ceux qu’elle porte en société.
Elle n’en peut plus de mentir, et décide donc de se taire, de se fermer au monde. « Rêver vainement d’exister. Ne pas avoir l’air, être réellement (…) Un abîme sépare ce qu’on est pour les autres et pour soi-même », c’est selon le docteur la prise de conscience qui paralyse soudainement Elisabet alors qu’elle est sur scène.« [Tu désires] être mise à nu, découpée en morceaux » lui dit-elle, reprenant la confession de l’acteur mourant Johan Spiegel face à Vogler dans Le Visage.Ce n’est bien sûr pas un hasard si Elisabet porte le même patronyme que le héros du Visage. Comme lui, elle s’enfonce dans le mutisme, seul échappatoire qu’elle entrevoit à ses tourments.