Commentaire par Olivier Bitoun (suite 10)
Il n’y a pas d’échange, leurs regards ne coïncident pas. Et lorsque Bergman termine la séquence en créant un visage hybride à partir de deux gros plans de ses actrices, point de fusion du film, le résultat est profondément perturbant, le décalage entre les deux personnages étant encore plus sensible alors qu’ils ne font plus qu’un Cette séquence filmée en simple champ contre-champ n’aurait pu exprimer cette sensation et Bergman trouve la formule exacte pour concentrer les différents mouvements à l’œuvre dans son film.
Bergman nous parle directement, viscéralement, de souffrance, de trahison, de jalousie, mais aussi de désir et d’amour fou. On retrouve dans Persona les relations troubles et complexes qui unissaient Ingrid Thulin et Gunnel Lindblom dans Le Silence.Un couple, c’est du vampirisme, de la domination, des tensions et des rapports de force changeants et évolutifs. Alma, l’infirmière,est douce et attentionnée;elle est le salut l’apaisement. Du moins en façade, sur le papier, dans le contrat.