Commentaire par Olivier Bitoun (suite 4)
L’ouverture est fragmentée, stupéfiante, images éparses qui nous plongent d’emblée dans l’univers du film et de son créateur : un burlesque muet, avec diable fourchu et squelette (Le Septième sceau ?), une mygale (Bergman imagine souvent dans ses rêves Dieu sous la forme d’une araignée), un mouton qu’on égorge, son œil, ses viscères qui se répandent, des clous enfoncés dans une main (Les Communiants ?).Puis un mur, la neige sur une forêt, une grille, et l’on pénètre dans l’hôpital. Bergman poursuit sur une série de portraits de défunts : la bouche d’une vieille dame, des visages, des mains, un enfant allongé sous un linceul.
Un des visages est filmé tête en bas, comme si de nouveau nous observions le film depuis la lampe de projection. Après un cut imperceptible, les yeux de la morte se sont ouverts. Bergman, en ne filmant pas en continu la "résurrection", en usant d’un effet de montage, marque le passage d’un monde à un autre.