Commentaire par Olivier Bitoun (suite 3)
Persona s’ouvre sur les filaments de la lampe d’un projecteur qui s’échauffent jusqu’à la naissance de l’arc électrique. La lampe s’amorce, la pellicule commence à défiler, rythmée par les claquements de la boucle.Nous sommes dans le projecteur, nous voyons défiler la pellicule dans le couloir de projection, d’abord l’amorce puis un dessin animé des premiers âges, personnage tête en bas.
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Si dès l’ouverture le support, la pellicule, est omniprésente, dans un mouvement inversé le film parasite cette matière : dès l’amorce, Bergman insère au milieu des chiffres qui défilent, l’image d’un sexe en érection (qui a disparu dans la plupart des copies exploitées à la grande surprise de Bergman).
Plus tard, c’est le regard tout en intensité de Bibi Andersson qui fait sortir la pellicule de son couloir : celle-ci flambe et l’image s’évapore laissant place à un blanc immaculé. La matière même du film est comme contaminée par les drames qu’il raconte.