Commentaire par Olivier Bitoun
L’actrice Elisabet Vogler, alors qu’elle est sur scène à interpréter Electre, se retrouve d’un seul coup sans voix. Son mutisme se poursuit après l’incident. Après un séjour à l’hôpital, elle part en compagnie de son infirmière Alma se reposer dans sa demeure de l’île de Fårö.Persona est un film qui a « sauvé la vie » de Bergman. Le titre premier du film Cinématographe résonne comme le testament d’un cinéaste, alors que cette œuvre va consacrer la renaissance de son auteur.
Bergman imagine les premières images de son film alors qu’il délire, cloué sur un lit d’hôpital, atteint d’une double pneumonie. Refusant tout contact avec l’extérieur, le cinéaste se mure dans le silence et se laisse aller à ses dérives mentales. Les corps de mourants passent devant lui comme dans un songe, deux infirmières discutent et se montrent leurs mains, leur image se fondent et elles ne font plus qu’une seule et même personne, des photos de journaux de Liv Ullman et Bibi Andersson frappent Bergman par l’étrange effet de lumière qui éclaire leurs visages...
Persona est né. De ces visions, le cinéaste tire en deux semaines un scénario, quitte son lit et une semaine plus tard démarre le tournage à Stockholm. Cette urgence, ce besoin de créer, irriguent chaque minute du film.Naît alors une tension, un désir brûlant de cinéma, une passion vorace qui donne à Persona la force et, pourrait-on presque dire, la naïveté d’un premier film.