Critique/Analyse du film (suite)
Faisant fi de tout aspect commercial, le cinéaste monte son projet en deux actes bien distincts, accouchant dans une première moitié d’un assemblage de séquences d’ascensions vertigineuses à souhait.Bien que dans un premier temps dénué de toute menace véritablement physique, Vertige impose son décor en ennemi absolu, Ferry instaurant à ses plans une tension palpable en capturant une ribambelle d’accidents plus vrai que nature.
A travers une succession d’images de haute volée, le jeune réalisateur parvient à transmettre toute la dangerosité de la situation, et capture impeccablement la peur viscérale du vide dont témoignent ses protagonistes, égarées sur une via ferrata délabrée.La prouesse technique et le réalisme des situations tient autant à une réalisation qui évite soigneusement les effets de styles modernes qu’aux différents facteurs artistiques priviléfiés par Abel Ferry.
Entièrement capturé en décor naturel, Vertige se voit sublimé par un format scope superbe permettant d’accentuer la verticalité des décors par la largeur des images. Filmé à flanc de montagne, le métrage se pare de ce fait de plans à la profondeur de champ inédite qui amènent à un état de nervosité ininterrompue - la traversée du pont, impressionnante.Spectaculaire et enivrant, Vertige perd pourtant de son impact et prend la direction des sentiers battus dès l’arrivée volontairement tardive de sa figure plus conventionnellement hostile.