Analyse/critique par Jack Sullivan (suite)9
Épilogue : la lignée d’Eve
D’une certaine façon, Eve aura été le double inversé de Birdie : Birdie qui se définit elle-même comme « une actrice de cinquième rang », et qui est devenue la dame de compagnie de Margo, mais qui au contraire d’Eve préfèrerait se laisser piétiner plutôt que de se mettre en avant ou de nuire à sa protectrice, qu’elle couve comme une gouvernante couve une enfant turbulente mais chérie.Mais nous voici revenus au présent et au début du film, avec la voix off d’Addison DeWitt : Eve, que nous avons vue exposée et brisée par ses soins, triomphe, mais elle est seule et le restera, une comédienne de premier ordre qui aura piétiné les gens qui lui auront ouvert la porte.
Mais cela n’est pas encore, en ce début d’années 1950 si moralisateur, un châtiment suffisant pour Eve. L’histoire est vouée à se répéter, à son détriment cette fois, avec la jeune Phœbe, adoratrice transie qui s’est introduite chez elle. Le plan final où Phœbe s’incline, le trophée en main, devant une foule de ses reflets démultipliés dans les miroirs.Cette image peut se lire à la fois comme une prophétie du sort qui attend Eve, mais aussi une vision du monde du spectacle pris dans sa globalité* : il se trouve toujours, derrière votre épaule, quelqu’un qui est prêt à tout pour prendre votre place.
Pour enfoncer le clou et puisqu'il est question de globalité,j'ajouterai que cela est valable dans toutes les situations humaines principalement dans ce qu'on nomme "amitié"