Analyse du film (suite 5)
Univers parallèles et déchronologie
De nombreux commentateurs ont évoqué la notion d’"univers parallèles" en parlant du film de Resnais. Certains indices dans la mise en scène semblent en effet corroborer cette idée. Juste après le générique, l’action commence, et nous assistons à la fin d’une représentation théâtrale.
La caméra, balayant le couloir de l’hôtel, filme l’affiche de la représentation, intitulée Rosmer, puis entre dans l’obscurité de la pièce : c’est le premier trou noir, relativement fugitif. Poursuivant son mouvement, la caméra se promène le long d’un plafond, puis, dans un travelling avant, nous fait pénétrer dans une pièce, et nous plonge cette fois dans un inquiétant trou noir de plusieurs secondes.
Nous venons d’entrer dans un univers parallèle, tout au moins est-ce une interprétation que l’on peut donner à ce noir total qui précède le début du récit. Ce qui suit n’est que le premier univers, et le film est en fait constitué d’une multitude d’autres univers, qui sont autant de points de vue choisis par Robbe-Grillet et Resnais pour observer le déroulement de l’histoire:
"Nous voulions nous trouver un peu comme devant une sculpture qu’on regarde sous tel angle, puis sous tel autre, dont on s’éloigne, dont on se rapproche."